On le sait, les déficits se creusent dangereusement. Le gouvernement cherche à faire 40 milliards d’euros d’économies pour boucler le prochain budget et ramener le déficit à un niveau acceptable. Alors qui doit être mis à contribution ? Les retraités doivent prendre leur part, même si cette mesure est impopulaire. Surtout, cessons d’accabler les actifs, en leur en demandant toujours plus. Car cette répartition inéquitable de l’effort est lourde de conséquences sociales et politiques, estime Ève Szeftel, directrice de la rédaction de « Marianne ».
Un tabou pèse sur notre débat public. Il pèse sur les gouvernements. Il pèse sur la presse. Faut-il mettre à contribution les retraités pour sauver notre modèle social, fragilisé par le vieillissement de la population ? C’est la question taboue. Celle que personne n’ose poser. Pour une raison simple : les retraités étant de plus en plus nombreux, ils comptent de plus en plus dans le corps électoral. Et les anciens – terme préféré à l’affreux globish « senior » – sont les derniers à encore lire les journaux. Ils ont les moyens et le temps pour le faire mais, surtout, ils sont encore imprégnés de cette culture de l’écrit, du débat civilisé, qui s’efface progressivement au profit de la sous-culture de la vidéo, du clash et de l’injure. Marianne ne fait pas exception : sans vous pour nous lire, nous serions bien en peine.