Ève Szeftel : “Mélenchon n’est en rien un réformiste mais veut le pouvoir pour le pouvoir et la gloire qui va avec”

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Ève Szeftel : “Mélenchon n’est en rien un réformiste mais veut le pouvoir pour le pouvoir et la gloire qui va avec”





















« Jean-Luc Mélenchon n’est en rien un réformiste qui cherche à accéder au pouvoir pour améliorer les conditions d’existence des travailleurs, voire transformer la société. »
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L’édito d’Ève Szeftel

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À première vue, on peut se dire qu’à force de multiplier les outrances, le leader insoumis ruine sa chance d’accéder au pouvoir. Pourtant, le parti qu’il a fondé est devenu, scrutin après scrutin, une véritable machine de guerre. Et même si Jean-Luc Mélenchon perd son pari en 2027, on se souviendra de lui comme de celui qui aura mené le pays au bord de la guerre civile et fait élire l’extrême droite, juge Ève Szeftel, directrice de la rédaction de « Marianne ».

À première vue, la stratégie du bruit et de la fureur de La France insoumise a quelque chose de rassurant. On se dit que ces incidents en séance à l’Assemblée nationale, ces polémiques à répétition, cette attitude factieuse, ce poison de l’antisémitisme qu’ils distillent à petites gouttes dans le corps social, tout cela les dessert, et qu’à multiplier les outrances Jean-Luc Mélenchon ruine sa chance d’accéder au pouvoir. Plus le parti se radicalise, plus il se marginalise et cette tendance à l’autodestruction, se persuade-t-on, est le meilleur rempart contre leur arrivée au pouvoir. La dernière enquête Ifop pour Hexagone va dans le sens de cet exercice de rationalisation : non seulement le leader insoumis a peu de chance de se qualifier pour le second tour, mais si d’aventure il y parvenait, il se ferait battre à plate couture par Jordan Bardella, à 67 % contre 33 %.

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Pourtant, ces anciens amis de trente ans, tels que Julien Dray, auteur d’un excellent Qui est Mélenchon, ou François Cocq, nous mettent en garde : il ne faut pas sous-estimer Mélenchon. Ni le parti qu’il a fondé en 2016, La France insoumise, devenue, scrutin après scrutin, une véritable machine de guerre. Idéologique, politique, numérique, et bien sûr, électorale. « Cent hommes peuvent prendre un pays », aime à répéter Jean-Luc Mélenchon, citant François Mitterrand. Son modèle, c’est Pizarro, qui asservit la dynastie Inca au XVIe siècle, avec quelques conquistadors espagnols. Pas de courants ni de votes dans ce parti qui se présente comme un « mouvement gazeux », alors qu’il a tout d’une secte politique : la démocratie est une perte de temps. Pas de débat non plus : il n’y a qu’une ligne, celle, versatile, faite de reniements successifs, définie par le chef.

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Gare à ceux qui osent la questionner, c’est un crime de lèse-majesté qui appelle une mise à mort symbolique. Celui qui doute trahit. Alexis Corbière, traité de « sioniste » pour avoir osé maintenir sa candidature à Montreuil en juin 2024, Raquel Garrido, Clémentine Autain ou encore François Ruffin en ont fait les frais, ainsi que de nombreux cadres ou militants moins connus, comme le racontent les auteurs de la Meute. Une enquête sidérante que l’on referme en se disant que LFI, héritier d’un courant trotskiste, est en réalité un parti néostalinien, avec son culte du chef, ses purges, ses pratiques de fichage, ses campagnes de harcèlement contre les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, sa violence, son antiparlementarisme, etc.

Mélenchon veut le pouvoir pour le pouvoir

En attendant le Grand Soir en 2027, cette force politique puissante, comme le révèle notre journaliste Louis Nadau, se prépare très sérieusement pour les municipales : ils pourraient faire basculer une trentaine de villes, selon l’analyse réalisée par Cluster17 en exclusivité pour Marianne. Un tremplin pour la présidentielle, la seule élection qui intéresse le césariste Mélenchon. Et l’occasion de mettre en pratique l’alliance avec les islamistes théorisée par le trotskiste britannique Chris Harman dans un article intitulé « Le prophète et le prolétariat ». Stratégie dont la promotrice en France est la députée Danièle Obono, rédactrice avec Éric Coquerel, son collègue de Seine-Saint-Denis, du communiqué publié le 7 octobre 2023 qualifiant le massacre en cours d’« offensive armée des forces palestiniennes ».

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Cette fascination pour les régimes et les mouvements autoritaires, du Venezuela à la Syrie, n’est pas fortuite. Car Jean-Luc Mélenchon n’est en rien un réformiste qui cherche à accéder au pouvoir pour améliorer les conditions d’existence des travailleurs, voire transformer la société – de Blum à Hollande, en passant par Mitterrand et Jospin, ce fut pourtant la raison d’être de cette gauche que l’ancien ministre et sénateur qualifie avec mépris aujourd’hui de « gauche d’accompagnement ». Non, il veut le pouvoir pour le pouvoir et la gloire qui va avec. Et les habitants de banlieue dont il prétend défendre les intérêts ne sont, à ses yeux, que des pions électoraux au service de sa mégalomanie.

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La preuve, s’il en fallait ? Tous les groupes parlementaires ont voté la loi transpartisane (PS-LR) pour « sortir la France du piège du narcotrafic », malgré ses insuffisances. Sauf un : La France insoumise. Cette criminalité mafieuse pourrit la vie de nombreux de nos concitoyens, qu’ils soient « blancs », « noirs » ou « arabes », pour reprendre les catégories raciales qui lui sont chères. Quand elle ne tue pas leurs enfants, d’une balle perdue ou dans des règlements de comptes. Mais l’Insoumis en chef s’en fiche, d’eux comme des « gogols », alcoolisés et obèses, comme il qualifia avec mépris, selon Ruffin, les électeurs d’Hénin-Beaumont pendant les législatives de 2012. Car, même si Jean-Luc Mélenchon perd son pari en 2027, on se souviendra de lui comme de celui qui aura mené le pays au bord de la guerre civile et fait élire l’extrême droite. Et finir dans les poubelles de l’Histoire, quand on rêve d’y entrer à tout prix, c’est toujours mieux que rien.


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