Sur la question du racisme, les préjugés continuent à battre en retraite mais le débat public, lui, ne cesse de s’hystériser. Il est donc urgent pour les Français de se remettre en question pour que vive la fraternité, le troisième pilier de la devise républicaine, juge Ève Szeftel, directrice de la rédaction de « Marianne ».
Le 27 avril, deux jours après le terrible meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, le député socialiste Jérôme Guedj était chassé de la place de la République où il était venu, ceint de son écharpe tricolore, exprimer sa solidarité envers nos compatriotes musulmans : « Dégage, sale sioniste ! » Le temps mis par les autorités à condamner ce crime alimentait un énième procès en islamophobie d’État. Les médias du groupe Bolloré faisaient leurs choux gras de l’expulsion du socialiste mais passaient rapidement sur le meurtre du jeune Malien, réservant leur compassion à Lorène, poignardée à mort par un camarade de lycée à Nantes. Une semaine plus tard, la journaliste Charlotte Belaïch, coauteure avec Olivier Pérou du livre d’enquête la Meute, racontait subir, en raison de son patronyme juif, un déferlement d’attaques antisémites sur les réseaux : elle seule, pas son coauteur.