Doit-on s’attendre à une « contre-révolution » conservatrice en France, comparable à celle qui secoue les États-Unis ? Le sociologue québécois, éditorialiste sur CNews, Mathieu Bock-Côté et le politologue Olivier Roy confrontent leurs analyses.
Marianne : Quels sont les contours du trumpisme ? Existe-t-il, en France, des mouvements qui y ressemblent ?
Mathieu Bock-Côté : Le trumpisme est une forme de synthèse inachevée entre deux tendances idéologiques. D’un côté, un national-conservatisme, qui est la redéfinition doctrinale du conservatisme américain et d’une bonne partie du conservatisme occidental, depuis la fin des années 2010. De l’autre, un national-populisme, c’est-à-dire un esprit d’insurrection contre l’ensemble du système politique, institutionnel et l’oligarchie censée l’incarner.
En France, la culture politique est très éloignée du trumpisme. Il y a un parti d’opposition, le Rassemblement national (RN), qui est antérieur au trumpisme et s’est construit sur une autre trajectoire politique. Certes, la France et les États-Unis font face aux mêmes problèmes : immigration, wokisme, bureaucratie et écrasement fiscal. Mais la traduction politique diffère.