Emmanuel Hache, adjoint scientifique à l’IFP Énergies nouvelles, est docteur en économie et spécialiste de la géopolitique des métaux. Alors que Donald Trump a autorisé l’exploitation des fonds marins au mépris du droit international, le chercheur prospectiviste analyse pour La Tribune les conséquences économiques et géopolitiques d’une telle décision.
LA TRIBUNE — Donald Trump a annoncé l’autorisation d’extraction à grande échelle des fonds sous-marins. Cette annonce brise-t-elle un tabou ?
EMMANUEL HACHE — La décision crée une vraie brèche dans la situation préexistante. Jusqu’alors, les États-Unis n’avaient pas ratifié la Convention des Nations unis sur le droit de la mer. Ils n’étaient, par ailleurs, pas membre de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). L’AIFM existe depuis 1994, réunit 168 pays, mais n’a jamais réussi à établir un code minier permettant la délivrance de licences pour exploiter les fonds. Le sujet est très sensible, car les dégâts environnementaux pourraient être très importants sur des réserves immenses de biodiversité. On ne connaît pas assez les fonds marins pour mesurer précisément les conséquences de leur exploitation minière.