La Corse, on le sait, est une pépinière de paradoxes. Toutefois, le caractère archaïque qu’elle cultive dans son mode de vie et de pensée ne le cède en rien à sa force créatrice et sa soif inextinguible d’innovation. Elle aspire à un statut d’autonomie qui lui conférerait un pouvoir normatif dans le périmètre de ses compétences mais espère encore beaucoup de l’État pour, d’une part, l’aider à combler le retard historique de ses équipements structurants – routes, barrages hydrauliques, centrales thermiques, hôpitaux,… – et, d’autre part, actionner fermement ses leviers régaliens afin de faire refluer la vague déferlante de la criminalité organisée contre laquelle l’incapacité de s’affranchir est inconcevable dans une région qui a la démographie de Nice.
Un sommet qui a aussi permis de mesurer à quel point les institutions politiques corses, qui attendent la bénédiction parlementaire pour franchir le palier constitutionnel de l’autonomie, et l’économie pour laquelle l’insularité est davantage un tremplin qu’un handicap, sont étroitement imbriquées. Une articulation à partir de laquelle Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, tire sa profession de foi : « L’autonomie, ce n’est pas une prise de distance, c’est une prise de responsabilité ».