Les faits
La société de tests génétiques américaine 23andMe a déposé le bilan, se plaçant sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites et cherche un repreneur. Sa PDG, Anne Wojcicki, a indiqué dimanche soir dans un communiqué « avoir engagé une procédure volontaire de redressement judiciaire » auprès d’un tribunal des faillites de l’État du Missouri, après avoir rejeté une offre de rachat de sa directrice générale démissionnaire.
L’entreprise de South San Francisco, en Californie, précise qu’elle entend poursuivre ses activités normalement tout au long du processus de vente. En outre, aucun changement n’aura lieu en matière de stockage et de protection des données de ses clients, assure-t-elle.
Le nœud du problème
L’annonce a suscité des appels à supprimer ces informations sensibles, malgré les tentatives de l’entreprise pour rassurer ses utilisateurs. Et pour cause, 23andMe détient le nom, le sexe, l’année de naissance, la localisation, les photos et surtout les informations sur la santé, mais surtout les résultats de l’ascendance génétique de ses clients et leurs éventuelles maladies génétiques.
Les utilisateurs craignent que leurs informations personnelles et génétiques ne soient vendues à une nouvelle entreprise sans leur consentement explicite. Car 23andMe a déjà proposé une vente aux enchères de ses actifs le 14 mai, incluant les données génétiques.
Sans compter qu’en 2023, les données de près de 7 millions des 15 millions de clients de 23andMe avaient été piratées en utilisant leurs anciens mots de passe. Toutes les informations sensibles avaient ainsi été volées.
Les mots à connaître
Tests génétiques : Échantillons de salive permettant déterminer ses origines ancestrales et/ou certains traits génétiques liés à la santé.
Chapitre 11 de la loi sur les faillites : Aux États-Unis, cet article permet à une entreprise en difficultés financières de continuer à fonctionner normalement, tout en lui laissant le temps de chercher un accord avec ses créanciers.
Les chiffres clés
200 dollars : Le prix du test salivaire que 23andMe propose. Il doit être renvoyé par courrier afin de déterminer ses origines ancestrales et/ou certains traits génétiques liés à la santé.
15 millions : le nombre de clients qui ont envoyé leur test génétique à l’entreprise.
6,9 millions : Le nombre de comptes qui avaient été piratés en 2023, dont 5,5 millions contenaient des informations sur les correspondances génétiques.
50 % : La chute de l’action à la Bourse de New York lundi.
L’écho du problème
Geoffrey Fowler, chroniqueur technologique au Washington Post, a de son côté lancé un avertissement : « Si vous faites partie des 15 millions de personnes qui ont partagé leur ADN avec 23andMe, il est temps de supprimer vos données. » Il a cité le risque « que vos données soient vendues ou transférées à une nouvelle entreprise, qui pourrait vouloir les utiliser à de nouvelles fins ».
Le procureur général de la Californie, Rob Bonta, a lui émis vendredi une alerte aux consommateurs de 23andMe, leur rappelant « leur droit d’exiger la suppression de leurs données génétiques en vertu de la loi sur la protection des données génétiques et de la loi californienne sur la protection des consommateurs ». Il existe peu de mesures de protection de la confidentialité des données aux États-Unis au niveau national, mais la Californie dispose de ses propres lois régissant le traitement des informations des utilisateurs.
Le document
Et maintenant ?
Les 15 millions de clients peuvent supprimer leurs données directement sur le site de 23andMe, depuis l’onglet paramètres.
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Maxime Heuze