Festival du film à Paris : “Ce n’est pas parce que Poutine mène la guerre en Ukraine qu’il faut effacer la Russie”

Marianne - News

https://resize.marianne.net/img/var/ceQP15W7K4/asNaxN5fBhaaFfeV6/asNaxN5fBhaaFfeV6.jpg









Festival du film à Paris : “Ce n’est pas parce que Poutine mène la guerre en Ukraine qu’il faut effacer la Russie”





















Organisé du 20 mars au 5 avril à Paris, Taverny, Malakoff et Suresnes, le festival présente une vingtaine de films, du dessin animé aux œuvres les plus récentes, fictions ou documentaires. Sans oublier les grands classiques du cinéma soviétique, comme « Quand passent les cigognes », de Mikhaïl Kalatozov (1957).
Quand passent les cigognes

Échange culturel

Par

Publié le

Certains réalisateurs russes, en dépit de la terrible censure mise en place par le régime poutinien, continuent cependant de créer, avec talent et intégrité. La 11e édition du festival de cinéma « Une autre Russie », qui a débuté le 19 mars en région parisienne, nous en montre un échantillon.

Difficile, sinon impossible, depuis le début de l’épouvantable guerre lancée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine le 24 février 2022, d’organiser en France un festival culturel russe, surtout s’il était jusque-là coorganisé et financé par des institutions moscovites. Mais comme l’a déclaré sa présidente, l’actrice d’origine russe Macha Méril, le 20 mars, lors de la soirée d’ouverture du Festival du film russe de Paris et Île-de-France, « Une autre Russie » : « Ce n’est pas parce qu’une guerre terrible est menée par Vladimir Poutine en Ukraine qu’il faut effacer la Russie, sa créativité et sa culture ».

Avant de rendre hommage aux sponsors français – avant tout situés à Paris et dans la région Île-de-France – qui permettent la tenue de cette 11e édition du festival, en l’absence des puissants sponsors russes qui, jadis, finançaient généreusement l’évènement. « En dépit d’une guerre que, bien sûr, nous dénonçons, nous conservons des contacts avec Mosfilm [société de production russe], qui nous prête certains des films que nous projetons », tempère l’un des directeurs artistiques du festival, le géographe Jean Radvanyi.

Organisé du 20 mars au 5 avril à Paris, Taverny, Malakoff et Suresnes, le festival présente une vingtaine de films, du dessin animé aux œuvres les plus récentes, fictions ou documentaires, tels que Of Caravan and the dogs, réalisé par Askold Kurov et un collègue anonyme, car resté en Russie, sur la période qui a précédé l’entrée en guerre de Moscou. Sans oublier les grands classiques du cinéma soviétique, comme Quand passent les cigognes, de Mikhaïl Kalatozov (1957), La commissaire, d’Alexandre Askoldov (1967) ou Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski (1966).

À LIRE AUSSI : “Le capitaine Volkonogov s’est échappé” au cinéma : les purges staliniennes comme si vous y étiez

Pour sa soirée d’ouverture, devant la grande salle comble du cinéma Le Balzac, à Paris, avec plus de 350 entrées payantes, nous a précisé Jean Radvanyi, le festival a programmé un excellent film, qui cartonne du reste dans toute la Russie. Il s’agit de L’été va se terminer, un film de deux heures de deux réalisateurs moscovites d’origine iakoute [peuple sibérien], Maxime Arbougaïev et Vladimir Moukouïev, tourné en Iakoutie, avec l’acteur star Iouri Borissov (notamment héros du Capitaine Volkonogov s’est échappé, et plus récemment interprète du second rôle taciturne dans Anora), et le merveilleux Makar Khlebnikov, qui joue son frère cadet.

Librement développé à partir d’un fait divers réel – la cavale meurtrière de deux frères, ayant fait un casse dans un site d’orpaillage –, ce film superbement tourné et interprété, plonge le spectateur dans une Russie profonde, multiethnique, pauvre et abandonnée, mais aux dimensions gigantesques et aux paysages magnifiques. La Iakoutie au sous-sol riche, située au sud de l’Extrême-Orient russe, fait cinq fois la superficie de la France, mais ne compte qu’un million d’habitants, précise la productrice déléguée Irina Engelis, en détaillant les sites du tournage.

À LIRE AUSSI : Jeunes, informaticiens, anti-Poutine… Plongée inédite dans la sociologie de la nouvelle diaspora russe

« Nous avons voulu montrer la Russie telle qu’elle est, et ce film, tourné en 2022, est aussi notre réaction aux évènements de cette année-là », a confié Vladimir Moukouïev lors d’un débat à l’issue de la projection. Et d’ajouter que les réactions des spectateurs, en Russie, diffèrent fortement entre les grandes villes riches et la province défavorisée.


« Quand deux des personnages du film sont assassinés, les spectateurs ont applaudi à Moscou et Saint-Petersbourg, note le réalisateur. Mais pas en province, où les gens vivent vraiment dans ce genre de réalité. » Avant d’ajouter, laconique : « Comment peut-on se réjouir de la mort de deux personnes ? ». Une partie de la salle parisienne ayant, elle aussi, applaudi ce passage, certains spectateurs ont tenté de se justifier, en expliquant que les deux personnages assassinés étaient peu recommandables. Ce à quoi Vladimir Moukouïev a rétorqué qu’il respectait l’avis des spectateurs, mais que selon lui, « rien ne justifie de prendre la vie d’autrui ».


Nos abonnés aiment

Plus de Culture

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne

0 0 votes
Article Rating
S’abonner
Notification pour
guest
0 Comments
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Welcome Back!

Login to your account below

Create New Account!

Fill the forms below to register

Retrieve your password

Please enter your username or email address to reset your password.

Add New Playlist

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?