Cinéaste, écrivain, et professeur à l’université de la Sorbonne, Frédéric Sojcher nous livre un ouvrage passionnant sur l’histoire passée présente et à venir de l’art cinématographique. « Anatomie du cinéma, ce qu’il faut savoir avant de se lancer », est un livre nécessaire pour tout cinéaste en herbe, mais aussi pour tout cinéphile confirmé. À lire absolument.
Marianne : Vous avez intitulé votre ouvrage Anatomie du cinéma en référence au film de Justine Triet Anatomie d’une chute. Mais en quoi avez-vous ressenti le besoin de disséquer l’histoire du cinéma depuis ses débuts à aujourd’hui ?
Frédéric Sojcher : Pour moi, le cinéma, c’est plus que le cinéma. Il renvoie à des questions à la fois économiques, politiques et culturelles. Interroger le cinéma, c’est aussi interroger la place de l’art dans la Cité. Historiquement, la France a un lien particulier avec le cinéma. Ce sont les frères Lumière qui ont inventé le cinématographe, cette idée de projeter un film et que plusieurs spectateurs puissent le voir simultanément. C’est en France qu’est né le modèle industriel du cinéma, avec Charles Pathé, qui le premier a mis en place une filière cinématographie, entre la production, la distribution et l’exploitation.
C’est en France qu’est née la notion de 7e art, défendue dès les années 1920 par des critiques. C’est en France qu’est née la « politique des auteurs », qui consiste à considérer le cinéaste comme le principal créateur sur un film. La France est aussi le premier pays à avoir créé une aide sélective pour les longs métrages (l’avance sur recettes), avec André Malraux, quand il était ministre de la Culture, en 1959. Il me semble important, à l’heure où de plus en plus de spectateurs voient les films (et les séries) sur les plateformes, de mettre toutes ces étapes en perspective. Cela d’autant plus que la France fait aujourd’hui encore exception quant à la vitalité et la diversité des films en salles. Le cinéma français, économiquement, se porte bien.