Gauche, droite, centre : chaque famille idéologique, chacune son tour, a pris l’avantage dans la guerre culturelle ces dernières années. Mais le mouvement actuel correspond-il à un simple retour de balancier, ou à la remise en cause du clivage gauche-droite dans son ensemble ?, s’interroge Frédéric Taddeï, directeur du magazine « Marianne ».
On peut voir dans la partie de poker idéologique actuelle un nouvel épisode de la guerre culturelle à laquelle se livrent la gauche et la droite depuis toujours. Au cours des années 1960-1970, c’était la gauche et l’extrême gauche qui avaient les atouts. Il suffisait de brandir des cartes comme la révolution, l’aliénation, ou la collectivisation pour l’emporter. Et cela infusait dans toute la société, des médias jusqu’au sommet de l’État. Valéry Giscard d’Estaing, grand bourgeois de droite, n’a-t-il pas commencé son septennat en rendant visite à des détenus en prison, en taxant les riches et en légalisant l’avortement, une mesure que l’extrême gauche avait été longtemps la seule à défendre ?