Après la crise sanitaire, où les cessions-acquisitions avaient été particulièrement dynamiques, on aurait pu imaginer un marché hexagonal du M&A plus calme, l’instabilité politique autant que fiscale était de nature à doucher les enthousiasmes et les projets. Pourtant, une étude d’In Extenso Finance indique une croissance de 27% des opérations en 2024 au niveau national sur le segment small cap, celui qui concerne les opérations inférieures à 50 millions d’euros.
L’Île-de-France, en toute logique, enregistre le plus grand nombre d’opérations mais aussi la plus forte progression, à +33%. L’axe Paris-Lyon porte, pour sa part, 50,4% des opérations totales. Avec 20% de croissance, le Sud devient la troisième région française concentrant le plus de cessions-acquisitions, ce qui vient par ailleurs, conforter le bon comportement de son économie.
Le small cap en croissance continue
Les PME françaises, donc, ont de l’appétit. Alors qu’en 2023, le nombre de fusions-acquisitions était resté sous la barre des 1 000 opérations, 2024 rebondit à 1 200 opérations et dépasse même le seuil de 2021. Sachant que la dynamique a été engagée très fortement dans les premiers mois de l’année pour subir un coup d’arrêt – momentané – au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale, pour des raisons évidentes d’attentisme et d’interrogations quant aux possibles réformes fiscales.
« Depuis trois ans, le segment small cap prend de plus en plus d’importance », commente Bernard Cendrier, directeur associé In Extenso Finance, alors que les opérations supérieures à 15 millions d’euros s’amenuisent et que celles comprises entre 5 à 15 millions d’euros se stabilisent.
Un bon comportement des PME qui s’explique par une volonté de ces entreprises, souvent familiales, de se renforcer pour mieux affronter les vents contraires de la conjoncture économique. « Une opération sur trois est une opération de build-up, souvent sur une niche de marché que les entreprises souhaitent s’adjoindre. La consolidation par croissance externe est une façon de mieux résister à la crise », analyse Bernard Cendrier. « Les PME familiales disposent de trésoreries solides, elles sont prévoyantes et ne souhaitent pas se départir de leurs salariés. Ce qui les rend attentives à leur modèle et en capacité de rebondir en permanence ». La crainte de voir certaines PME disparaître par manque de repreneurs est par ailleurs balayée par Bernard Cendrier. « Les dirigeants savent faire l’effort nécessaire pour accepter les baisses de valeur afin d’éviter que leur entreprise ne soit reprise. Ils sont tous conscients de la nécessité de transmettre et que le marché, depuis 18 mois, est un marché acheteur et non plus vendeur ».
Diversifier oui, mais pas trop
Le nucléaire est l’un des secteurs les plus appétents à la consolidation, essentiellement parce que les donneurs d’ordres, à l’instar du domaine automobile, demandent à leurs sous-traitants d’agir comme des équipementiers. Le BTP est l’autre secteur très friand d’acquisitions, davantage désormais dans le second œuvre – tiré par la rénovation énergétique – que le gros œuvre qui, en prévision des Jeux Olympiques notamment, avait besoin de conforter ses besoins capacitaires. Le service aux industries participe aussi à la dynamique avec des groupes régionaux qui veulent grossir et prendre une dimension nationale.
« Les acquéreurs cherchent des pureplayers qui leur ressemblent », note Bernard Cendrier, soulignant la volonté de ces PME de ne pas trop s’éloigner de leur cœur de métier, a contrario de la tendance il y a encore deux ans, où elles hésitaient moins à s’engager dans une plus large diversification.
Si le premier trimestre 2025 a été légèrement en retrait par rapport aux années précédentes, le deuxième trimestre devrait bien se comporter, estime Bernard Cendrier. « Les taux ont chuté, ce qui facilite les transactions, les banques sont disponibles au financement et les fonds d’investissement, qui ont été en retrait en termes d’acquisitions en 2024 mais qui disposent de cash, vont revenir sur le marché ».