Anthony Albanese n’arrive pas au sommet du G7 de Kananaskis, au Canada, pour faire de la figuration. Depuis Seattle, où il faisait escale, le chef du gouvernement australien a confirmé un tête-à-tête avec Donald Trump pour évoquer deux dossiers sensibles : les taxes douanières imposées par Washington à l’Australie, et l’avenir incertain de l’alliance Aukus. « Nous évoquerons les droits de douane et l’importance de l’alliance Aukus, et nous discuterons comme deux amis doivent le faire », a-t-il déclaré à la presse australienne.
Le retour au pouvoir de Donald Trump alimente les doutes sur la pérennité de ce pacte trilatéral signé en 2021 avec les États-Unis et le Royaume-Uni, au détriment de la France. Ce partenariat prévoit notamment la livraison à l’Australie de sous-marins américains à propulsion nucléaire d’ici 2030, un projet estimé à 235 milliards de dollars US sur trente ans. Mais les capacités industrielles américaines sont déjà sous tension, et certains experts redoutent des retards structurels.
Aukus, enjeu diplomatique et industriel
Les interrogations sont d’autant plus vives que la doctrine America First pourrait conduire l’administration Trump à revoir, ralentir, voire saborder l’accord. Anthony Albanese entend défendre les bénéfices mutuels du partenariat : « Nous parlerons de ce à quoi l’Australie contribue, et du potentiel de l’alliance à apporter une série d’avantages pour les États-Unis », a-t-il souligné.
Le programme Aukus est présenté comme une réponse stratégique à la montée en puissance militaire de la Chine dans la zone Indo-Pacifique. Mais les intérêts industriels américains et les réticences isolationnistes du nouveau président pourraient en modifier profondément l’orientation. L’Australie cherche donc à consolider ses engagements au plus haut niveau.
Douanes : tensions commerciales persistantes
Sur le volet commercial, la tension est palpable. Washington a imposé cette année des droits de douane de 10 % sur l’ensemble des importations australiennes, et des taxes spécifiques de 50 % sur l’acier et l’aluminium. « Je ferai valoir les intérêts de l’Australie avec respect, car il est également dans l’intérêt des États-Unis que l’Australie soit traitée de manière appropriée », a affirmé le Premier ministre travailliste.
Cette prise de position s’inscrit dans un moment délicat, alors que l’Australie dépend fortement des débouchés américains pour certains de ses secteurs industriels, tout en tentant de diversifier ses alliances dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes.
(Avec AFP)
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