Les scandales dans l’industrie automobile n’en finissent pas, même des années après. Un nouveau décès en Guadeloupe lié à un airbag défectueux de la marque Takata a été confirmé mardi. Le même jour, une filiale de Goodyear, le géant des pneus, est inculpée par la justice française, soupçonnée d’être à l’origine d’accidents de camions mortels. Ces dernières années, plusieurs scandales ont secoué le monde automobile et obligé à rappeler des milliers de véhicules. La Tribune dresse la liste de six affaires qui ont secoué le secteur.
Les pneus Goodyear
Mardi, la SAS Goodyear Operations est mise en examen dans le cadre d’une enquête visant le géant américain des pneumatiques. La filiale de Goodyear est soupçonnée d’avoir produit des pneus qui ont causé des accidents mortels. En France, l’enquête se concentre sur trois collisions mortelles avec des poids lourds entre 2014 et 2016, provoquant la mort de quatre personnes. Quatre autres collisions sont aussi survenues entre 2011 et 2014, les faits étant cependant prescrits et des accidents similaires ont eu lieu en Europe.
Dans ces accidents, c’est le pneu avant gauche des camions qui a éclaté, induisant une perte de contrôle du véhicule. Selon les experts, l’éclatement des pneus serait dû à un défaut de fabrication. Le géant américain aurait eu connaissance de ce défaut, mais n’en aurait pas averti ses clients. Si en 2013, l’entreprise a mis en place des « programmes volontaires d’échange », elle n’a pas fait de campagne de rappel « impératif ». Résultat, les pneus comportant des défauts peuvent encore être disponibles sur des sites de ventes d’occasion.
L’enquête a été ouverte en 2016, après le dépôt de plainte de Sophie Rollet, veuve de Jean-Paul Rollet, un chauffeur routier de 53 ans décédé en juillet 2014 dans un accident sur l’autoroute A36 dans le Doubs.
Les airbags Takata
Le scandale des airbags du fabricant japonais Takata remonte à 2014. Depuis plus de 10 ans, des millions de véhicules ont été rappelés dans le monde pour changer leurs airbags. Ces derniers ont provoqué une trentaine d’accidents et causé la mort de plus d’une dizaine de personnes en France. Volkswagen, Nissan, BMW, Toyota… De nombreux constructeurs sont concernés. La dernière victime en date est un automobiliste en Guadeloupe en mars qui conduisait une Toyota Hilux.
Ces airbags peuvent exploser à tout moment en projetant des pièces sur les conducteurs, à cause d’un gaz qui a mal vieilli. Une dégradation qui s’accélère lorsque les climats sont chauds et humides comme en Outre-mer.
Toyota et Mercedes ont fait une nouvelle campagne de rappel en avril sur les modèles commercialisés entre 2011 et 2018. En métropole, les airbags de 2,3 millions de véhicules restent encore à remplacer en métropole.
Freins Continental
En 2024, le constructeur allemand BMW a dû rappeler des véhicules et arrêter des livraisons. En cause ? Le système de freinage intégré (IBS) de l’allemand Continental, qui équipe des marques comme BMW, Mini et Rolls-Royce du groupe bavarois, s’est révélé défectueux. 1,5 million de véhicules ont été concernés par ces rappels.
« Le système de freinage intégré pourrait être compromis, ce qui pourrait entraîner une défaillance inattendue de l’assistance au freinage hydraulique, nécessitant ainsi une plus grande pression sur la pédale de frein », avait noté le site Rappel conso en avril 2024. De son côté, Continental avait assuré dans un communiqué que « les performances de freinage ne sont pas compromises et les freins peuvent toujours être actionnés, tout en restant bien au-dessus des normes légales ».
General Motors et l’affaire du commutateur d’allumage défectueux
Aux États-Unis, 124 personnes sont décédées et 275 autres ont été blessées dans l’affaire du commutateur d’allumage. General Motors a commercialisé des voitures en Amérique du Nord dont le commutateur était défectueux. Au moindre cahot, il était si sensible qu’il pouvait arrêter le moteur, bloquant la direction assistée, une partie du système de freinage et empêchant le déploiement des airbags. Le constructeur américain a rappelé 2,6 millions de véhicules seulement en 2014, dix ans après la détection du défaut.
GM a versé à ce jour près de 3 milliards de dollars en amendes et dédommagements dans le cadre de ce contentieux, qui dure depuis 2014. Il a mis également en place un fonds d’indemnisation pour les victimes prévoyant le versement d’un million de dollars par décès aux familles, auquel s’ajoutent 300 000 dollars pour le conjoint survivant et 300 000 dollars pour chaque éventuel ayant droit.
Il est reproché également au constructeur d’avoir dissimulé des informations liées à cette défaillance concernant alors plusieurs de ses modèles.
Les véhicules à accélération involontaire de Toyota
En 2009, Toyota avait fait les gros titres pour de possibles vices de conceptions dans ses systèmes électroniques, à la suite d’accidents suspects. Le groupe japonais avait rappelé alors 8,7 millions de véhicules entre septembre 2009 et février 2010. Des plaignants avaient reproché au constructeur les accélérations subites de leurs véhicules. Une dizaine d’accidents et une cinquantaine de décès avaient été recensés. Le PDG, l’héritier Akio Toyoda, avait même dû présenter publiquement ses excuses devant le Congrès américain.
Si les causes de ces accidents restes floues, Toyota, a toujours assuré la sûreté de son électronique, mais avait cependant reconnu que des problèmes pouvaient affecter la mécanique des pédales de certains modèles ou les coincer dans le tapis de sol. Cette explication avait également été avancée par le gouvernement américain au début 2011 pour expliquer ces accélérations involontaires.
Depuis 2011 et après cette crise, le groupe nippon a installé des systèmes de freinage d’urgence sur tous ses nouveaux véhicules. Il est aussi devenu ultra-prudent et rappelle par précaution ses voitures au moindre défaut.
Ford et Firestone
À l’été 2000, Firestone, marque du groupe Bridgestone, rappelle 6,55 millions de pneus potentiellement dangereux. Ils équipent principalement des 4×4 de la marque Ford Explorer. Plusieurs accidents impliquant des Ford Explorer équipés de pneus Firestone ont causé à cette époque la mort de plus de 200 personnes aux États-Unis. De nombreuses poursuites sont engagées par les familles ou les proches des victimes des accidents, qui accusent les véhicules de se retourner brusquement.
De son côté, Ford annonce également presque un an plus tard, en mai 2001, qu’il va remplacer 13 millions de pneus Firestone supplémentaires, les jugeant eux aussi dangereux. Des allégations que le fabricant de pneumatiques a toujours contestées.
Cette affaire a poussé les deux géants du secteur à stopper leurs relations commerciales, les deux groupes se rejetant la responsabilité. En 2005, Firestone accepte néanmoins de dédommager Ford à hauteur de 240 millions de dollars pour le préjudice subi lors du rappel des modèles.
(Avec AFP)
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