Vendredi 28 février : échange explosif entre Trump et Zelensky
La semaine se clôt dans la stupeur et l’effroi. Dans une scène surréaliste, Donald Trump et son acolyte JD Vance humilient Volodymyr Zelensky en direct à la télévision. Face aux critiques sur son manque de gratitude envers l’aide américaine, Zelensky quitte précipitamment la Maison-Blanche.
Dans la foulée de cet incident, Trump suspend toute aide militaire et tout partage de renseignements avec l’Ukraine. Kiev est aveugle face à l’agression russe. Cette décision vise à faire pression sur Zelensky pour accepter un accord controversé sur l’exploitation des minerais stratégiques ukrainiens par les États-Unis. Ce projet, rejeté par Zelensky en février, revient au cœur des discussions malgré les tensions croissantes entre les deux dirigeants.
« Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale (…) et ce que vous faites est très irrespectueux pour le pays, ce pays », a lâché un Donald Trump très en colère, jugeant qu’il sera « très difficile » de négocier avec son homologue ukrainien, et le sommant d’être « reconnaissant » avec les États-Unis.
Volodymyr Zelensky quitte la Maison-Blanche. La conférence de presse entre le président ukrainien et son homologue américain, qui devait suivre la signature d’un accord sur l’accès aux ressources ukrainiennes, est annulée.
Samedi 1er mars : l’Europe encaisse le choc
En début d’après-midi, le Financial Times dévoile une lettre écrite par Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, leader européen le plus pro-russe des Vingt-Sept. Dans son courrier au président du Conseil européen, Antonio Costa, il invite l’Europe à des « discussions directes avec la Russie sur un cessez-le-feu » dans le conflit en Ukraine. Le Premier ministre hongrois a également déclaré qu’il s’opposait aux efforts visant à trouver un consensus sur l’Ukraine parmi les 27 États membres du bloc.
Quelques heures plus tard, Volodymyr Zelensky arrive à Londres pour rencontrer le Premier ministre Keir Starmer avant un sommet européen le lendemain décidé à la hâte.
À Paris, Emmanuel Macron se dit prêt à « ouvrir la discussion » sur une éventuelle future dissuasion nucléaire européenne, après une demande en ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz.
Dimanche 2 mars : le Vieux-Contient se rassemble à Londres
Une quinzaine de dirigeants européens doivent par ailleurs se retrouver lors d’un sommet organisé à la hâte dimanche à Londres, auquel devrait participer le président ukrainien, pour « faire avancer » leurs actions concernant l’Ukraine et la sécurité. La cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas a d’ores et déjà estimé que « le monde libre a besoin d’un nouveau leader ».
« Nous devons urgemment réarmer l’Europe » a déclaré dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l’issue d’un sommet crucial à Londres sur la sécurité européenne et la guerre en Ukraine.
S’exprimant devant la presse, la dirigeante européenne a annoncé qu’elle présenterait « un plan global sur la manière de réarmer l’Europe » lors du sommet spécial de l’UE sur la défense jeudi prochain, évoquant la nécessité d’augmenter les dépenses de défense « sur une période de temps prolongée ».
Les 18 dirigeants de pays alliés de Kiev, réunis dimanche autour du président ukrainien Volodymyr Zelensky, ont eu une discussion « bonne et franche », et ont évoqué le besoin de « garanties de sécurité globales » pour l’Ukraine dans l’avenir, qui vont de « la survie économique à la résilience militaire », selon Ursula Von der Leyen.
Lundi 3 mars : Washington hausse le ton
Sur le front économique, Donald Trump intensifie sa guerre commerciale en augmentant les droits de douane sur les importations chinoises à 20 % et en menaçant l’Europe avec des mesures similaires.
L’Union européenne, déjà ciblée par des tarifs sur l’acier et l’aluminium annoncés pour le 12 mars, prépare une riposte ferme. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a averti que ces actions « injustifiées » ne resteraient pas sans réponse.
Mardi 4 mars : le couperet tombe pour le Mexique et le Canada
Les droits de douane avec le Mexique sont appliqués : 25 %, pour combien de temps ? (spoiler : 2 jours). « Il n’y a plus de marge de manœuvre pour le Mexique et le Canada. Les droits de douane sont un fait », a annoncé le président américain. La Chine et le Canada disent vouloir répliquer immédiatement, au risque d’une escalade de la guerre commerciale.
En réponse, l’Etat-parti chinois annonce des droits de douane supplémentaires de 15 % sur le poulet, blé, maïs et coton américains entrant en Chine. D’autres produits américains importés tels que le sorgho, le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits, les légumes et les produits laitiers feront l’objet d’une taxe supplémentaire de 10 %.
La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a quant à elle déjà assuré que son pays avait « un plan A, un plan B, un plan C et un plan D » pour contrer ces nouvelles taxes. Il s’agira de contre-mesures « douanières et non-douanières » selon la cheffe d’État qui précisera la teneur de cette riposte dimanche lors d’une réunion publique à Mexico.
Mercredi 5 mars : En fait… pas vraiment
Washington concède une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile, à la demande des constructeurs américains. L’exemption concernait déjà les véhicules importés dans le cadre de l’accord de libre-échange ACEUM.
À 20 heures, Emmanuel Macron s’adresse aux Français : « face à ce monde de danger, rester spectateurs serait une folie », alors que la Russie représente « une menace pour l’Europe et la France ».
Le président de la République déclare souhaiter « des investissements supplémentaires dans le domaine de la défense compte tenu de l’évolution des menaces » mais sans augmenter les impôts. Il faut également « ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », selon Emmanuel Macron.
Jeudi 6 mars : En fait… pas du tout ; Washington recule, l’Europe avance
À peine deux jours après l’instauration des droits de douane américains sur les produits mexicains, Donald Trump fait volte-face et annonce leur suspension jusqu’au 2 avril.
Feu vert des Européens pour le plan « réarmer l’Europe ». Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, donnent leur feu vert à un plan de la Commission européenne pour renforcer leur défense, a annoncé une porte-parole de l’UE. Celui-ci vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros, dont 150 milliards sous forme de prêts, pour renforcer les capacités de défense du continent. Ces fonds doivent servir en priorité à investir dans les domaines où les besoins sont les plus urgents comme la défense antiaérienne, les missiles, les drones et les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d’artillerie.
Vendredi 7 mars : Et la Russie … aussi
Contre toute attente, le président américain annonce que celui qu’on pensait être son meilleur allié, Vladimir Poutine, n’échappera pas (ou peut-être que si) aux droits de douane. Donald Trump, en réponse à l’intensification des bombardements russes sur l’Ukraine, écrit sur son réseau social Truth social : « Compte tenu du fait que la Russie “pilonne” actuellement l’Ukraine sur le champ de bataille, j’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus. »
Le président américain semble amorcer un rapprochement prudent avec la Russie tout en maintenant la pression économique. Cette double approche s’illustre par l’annonce de nouvelles discussions : des délégations américaine et ukrainienne doivent se réunir mardi en Arabie saoudite pour explorer les contours d’un accord de paix.
18h32, le monde en est là.