En pleine confrontation avec Donald Trump, l’université Harvard a annoncé mercredi qu’elle débloquait 250 millions de dollars pour soutenir la recherche. Cette décision intervient alors que plus de 2,6 milliards de dollars de subventions fédérales ont été gelés, illustrant la capacité des géants financiers de l’enseignement supérieur américain à faire face à des vents contraires.
Car, sans surprise, l’université Harvard trône en tête du classement des universités les plus riches avec une dotation colossale de 52 milliards de dollars. Ce mastodonte financier bénéficie du soutien de figures emblématiques telles que Mark Zuckerberg et Bill Gates, dont les donations substantielles contribuent à alimenter cette machine financière. La récente décision de puiser dans cette manne pour compenser le gel des fonds fédéraux témoigne de la flexibilité et de la sécurité qu’offre une dotation de cette ampleur. Forte de cette assise, Harvard peut se permettre des investissements ambitieux dans la recherche, les infrastructures et surtout, l’aide financière aux étudiants. Preuve de cet engagement, l’institution couvre l’intégralité des besoins financiers de ses étudiants, ouvrant ainsi les portes de l’excellence à des talents issus de tous les horizons.
Juste derrière Harvard, selon les chiffres de la National Association of College and University Business Officers (Nacubo), on retrouve l’University of Texas System, un ensemble d’universités publiques dont la dotation cumulée atteignait 47,5 milliards de dollars lors de l’année fiscale 2024. Cette performance remarquable souligne la force du modèle universitaire public dans certains États américains, capable de mobiliser des ressources considérables. La présence de l’University of Texas System dans le haut de ce classement met également en lumière une tendance : l’investissement croissant de certaines dotations, y compris publiques, dans des actifs numériques comme le bitcoin. Si traditionnellement les fonds universitaires privilégient des placements moins risqués, l’évolution du cadre réglementaire ouvre de nouvelles perspectives d’allocation d’actifs.
Le podium est complété par Yale University, dont la dotation s’élève à 41,4 milliards de dollars. L’université de la Ivy League se distingue par la robustesse de ses rendements d’investissement au cours de la dernière décennie, témoignant d’une gestion financière avisée et performante. Suivent de près Stanford University (38 milliards de dollars) et Princeton University (34 milliards de dollars), confirmant la domination des institutions privées d’élite dans ce palmarès financier.
Comment ces milliards sont-ils dépensés ?
Si l’ampleur de ces dotations peut susciter des interrogations, la majorité de ces fonds sont affectés à des usages spécifiques, souvent dictés par les intentions des donateurs. Une part significative est ainsi dédiée à l’aide financière aux étudiants, permettant de garantir l’accessibilité aux études pour les plus méritants, indépendamment de leur situation économique. En moyenne, près de la moitié des dépenses des dotations (48 %) est ainsi allouée aux bourses et autres formes de soutien financier.
Une autre part importante de ces fonds (18 % en moyenne) est investie dans les programmes académiques et la recherche, finançant des projets novateurs et attirant les meilleurs talents professoraux. Le financement de postes de professeurs titulaires grâce aux revenus des dotations représente également un poste de dépense non négligeable (11 % en moyenne), assurant une stabilité et une pérennité aux équipes enseignantes. Enfin, le fonctionnement et l’entretien des infrastructures (7 % en moyenne) constituent une charge importante pour ces campus étendus et souvent historiques.
Ces actifs sont souvent investis dans des placements peu liquides tels que l’immobilier et les fonds spéculatifs (hedge funds). Si ces investissements peuvent générer des rendements importants, ils peuvent également s’avérer difficiles à liquider rapidement en cas de besoin urgent de financement. La décision d’Harvard de débloquer 250 millions de dollars illustre cependant la capacité de ces institutions à mobiliser des liquidités importantes en cas de nécessité.
Un paysage à deux vitesses
Si les chiffres des dotations des universités d’élite comme Harvard, Yale et Stanford atteignent des sommets vertigineux, la médiane des dotations pour les 658 institutions recensées s’établit à un niveau beaucoup plus modeste de 243 millions de dollars. Cette disparité souligne un paysage de l’enseignement supérieur américain à deux vitesses, où une minorité d’institutions jouit d’une manne financière considérable, tandis que la majorité doit composer avec des ressources beaucoup plus limitées.
Malgré ces disparités, la tendance globale est à la croissance. En 2024, les actifs des dotations universitaires ont augmenté de 4 %, portés à la fois par de nouvelles donations et par les rendements positifs des investissements. Cette dynamique positive, bien que bénéficiant principalement aux institutions les plus riches, témoigne de la reconnaissance continue du rôle crucial de l’enseignement supérieur et de la générosité des donateurs qui soutiennent sa mission.
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