Selon une récente enquête Harris Interactive, la pratique de la religion est de plus en plus acceptée par les salariés. Les jeunes se montrent notamment beaucoup plus favorables que leurs aînés à accepter les comportements motivés par la religion… comme le fait de refuser de serrer la main d’une personne de sexe opposé, jugé acceptable par près de 60 % d’entre eux. Denis Maillard, spécialiste des questions sociales et des mutations du travail, revient pour « Marianne » sur l’évolution du fait religieux en entreprise.
Signes ostentatoires, demandes de temps de prière, voire prosélytisme religieux… Près de 4 salariés sur 10 déclarent avoir déjà été confrontés à ce type de phénomènes sur leur lieu de travail, selon la dernière enquête Harris Interactive publiée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et l’Institut supérieur du travail (IST). Si le fait religieux en entreprise est de plus en plus accepté par l’ensemble des salariés, ce sondage pointe un très fort clivage générationnel sur l’acceptabilité de certains comportements motivés par la pratique religieuse.
Sous couvert d’une plus grande tolérance vis-à-vis des cultes, 46 % des salariés de 18 à 24 ans jugent ainsi acceptable de refuser de s’asseoir là où une personne de l’autre sexe s’est assise – contre 21 % pour l’ensemble des salariés. Et ils sont même 58 % de cette tranche d’âge à trouver acceptable de refuser de serrer la main à une personne du sexe opposé. Le spécialiste des mutations du travail Denis Maillard, auteur de l’ouvrage Quand la religion s’invite dans l’entreprise (Fayard), publié en 2017 et récemment réédité en poche, analyse les raisons de la hausse des faits religieux dans le monde du travail.