Les licenciements annoncés par les employeurs américains ont atteint, en février, des sommets jamais vus depuis la crise des subprimes de 2007-2008 et la période Covid de 2020. Cette flambée des licenciements apparaît dans un contexte de suppressions de postes massives au sein du gouvernement, d’annulations de contrats et d’inquiétudes croissantes autour d’une potentielle guerre commerciale.
Selon le cabinet de conseil Challenger, Gray & Christmas, les suppressions d’emploi prévues ont bondi, en un mois, de 245 % pour atteindre 172.017 en février, un record depuis juillet 2020. Il s’agit de la plus forte augmentation enregistrée en février depuis la crise financière de 2008. En variation annuelle, la progression atteint 103 %. En février 2024, les suppressions d’emploi avaient atteint un total de 84.638 postes.
Le gouvernement au cœur des suppressions
Le gouvernement fédéral est responsable d’une part importante de ces licenciements. Challenger a dénombré 62.242 suppressions de postes au sein de 17 agences gouvernementales. Depuis le début de l’année, environ 62.530 employés fédéraux ont perdu leur emploi, soit une hausse vertigineuse de 41.311 % par rapport à la même période l’an dernier.
« Lorsque des licenciements en masse ont lieu, les employés restants ressentent souvent un profond malaise et une grande incertitude », estime Andrew Challenger, vice-président chez Challenger, Gray & Christmas. « La probabilité que d’autres quittent volontairement leur poste est élevée ».
L’effet DOGE
Le Département d’efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par le milliardaire Elon Musk, est au centre des réductions de dépenses publiques massives. Son action s’est traduite par des gels de financements, des coupes budgétaires drastiques et le licenciement de milliers de fonctionnaires, y compris des scientifiques et des gardes-chasse.
L’administration Trump justifie ces mesures par la nécessité de réduire la taille d’un gouvernement jugé « empâté et dépensier ». Toutefois, la semaine dernière, un juge fédéral a suspendu un ordre présidentiel visant à licencier des milliers de travailleurs récemment embauchés au sein du département de la Défense et d’autres agences fédérales.
L’impact des mesures du DOGE s’étend également au secteur privé. Les sous-traitants du gouvernement fédéral ont été frappés de plein fouet, tout comme les entreprises confrontées aux droits de douane imposés ou annoncés par la Maison-Blanche. Selon Challenger, « l’impact DOGE » est la première cause des licenciements, représentant 63 583 suppressions de postes.
Washington, épicentre des licenciements
Les conséquences indirectes des politiques du DOGE, telles que la réduction des financements d’organismes à but non lucratif, ont entraîné 894 licenciements supplémentaires. Washington est la ville la plus touchée, avec 61.795 emplois perdus depuis le début de 2025, contre seulement 60 sur la même période en 2024.
Le secteur privé n’est pas épargné. Des licenciements significatifs ont également été observés dans le commerce de détail, la technologie, les services et les produits de consommation.
Ces chiffres préoccupants soulignent la fragilité du marché de l’emploi américain face aux incertitudes politiques et économiques, laissant entrevoir des perspectives sombres pour les mois à venir.
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La Tribune (avec Reuters)