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Amen!
Par Martin Bot
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Le retour des indulgences ? La Maison Blanche a fêté Pâques en grande pompe la semaine dernière. Derrière cet appel de pied aux Chrétiens, pointe l’influence grandissante de Paula White, à la tête du Bureau de la foi, et symbole de la progression des idées chrétiennes conservatrices au plus haut de l’État américain.
Cette année, la Maison blanche a mis le paquet pour la semaine de Pâques. Pas le choix : Donald Trump a promis de « ramener le christianisme » en Amérique pendant sa campagne. Les présidents américains adoptent volontiers des accents messianiques, là on plonge la tête la première dans la harangue évangélique.
« Melania et moi nous joignons à la prière des chrétiens qui célèbrent la crucifixion et la résurrection de notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, le Fils vivant de Dieu qui a vaincu la mort, nous a libérés du péché et a ouvert les portes du Paradis à toute l’humanité », écrit à ses concitoyens celui qui a passé le dimanche de Pâques dans son club de golf privé plutôt qu’à la messe. En comparaison, les « salutations chaleureuses » adressées aux musulmans à la fin du mois de ramadan paraissent moins grandiloquentes.
Honorer Dieu pour 1000$
Le point d’orgue de cette semaine ? Le dîner du mercredi saint de la Maison Blanche, ponctué de « vénérations et de prières », en présence de nombreux leaders religieux et retransmis en direct dans tout le pays. À la place d’honneur, la droite du président, trônait, dans une robe immaculée, Paula White, sa conseillère spirituelle de longue date.
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Depuis février, elle dirige le nouvellement créé Bureau de la foi (« Faith Office »), qui a pour but de « combattre l’antisémitisme, les actes anti-Chrétiens, et toute forme d’actes antireligieux ». Gare aux blasphémateurs ! Précision, à partir des données du FBI : c’est cinq dernières années, moins de 3% des crimes haineux ciblaient des Chrétiens.
Pour celle qui est convaincue que « Dieu veut que vous soyez riches », la prédication est d’abord un business. Anticipant la semaine sainte, elle a mis en vente des « sets de communion », avec jus de raisin inclus, pour la modique somme de 125 dollars, et des CD pour l’entendre effectuer des dévotions pour 50 dollars. Mieux : les donateurs de « 1000 dollars ou plus » peuvent espérer recevoir « sept bénédictions surnaturelles » spécial-Pâques.
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Elle vend son package comme un poisson sur le marché, avec un sens tout particulier du marketing : « Comme on peut le lire dans le chapitre 23 du Livre de l’Exode, si vous honorez Dieu pendant cette Pâque, il vous assignera un ange », clame-t-elle. Quelle aubaine ! Mais ce n’est pas tout : Dieu « sera l’ennemi de vos ennemis », « vous donnera la prospérité », « vous apportera accroissement et héritage » et « vous donnera une année spéciale de bénédiction ». Pas cher payé !
Une Pâques conservatrice
Attention, le retour sur investissement n’est pas garanti. « Vous ne faites pas ça pour obtenir quelque chose, mais pour honorer Dieu, conscients de ce que vous pouvez recevoir », précise Paula White. Celle qui grâce à son charisme a fait carrière dans le télévangélisme sait bien jouer de ce genre de subtilités.
C’est par son talent à capter l’audimat qu’elle tape dans l’œil de Trump au début des années 2000. Il l’appelle pour la féliciter, et elle se convainc de « sauver son âme ». Bonne pioche, ça lui a permis de faire pénétrer le message du Christ jusqu’au plus hautes sphères de l’État.
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Pour Ruth Graham du New York Times, qui couvre l’actualité religieuse depuis une décennie, « Trump a considérablement renforcé le pouvoir et l’influence des chrétiens conservateurs au sein du gouvernement. Cette semaine est une démonstration visible du pouvoir que les défenseurs des causes chrétiennes conservatrices ont acquis au sein de cette administration ».
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne