Comme en première instance, une peine de huit mois de prison avec sursis a été requise mercredi en appel contre l’ancien Niçois Youcef Atal, poursuivi pour “incitation à la haine à raison de la religion” pour avoir reposté la vidéo d’un prédicateur palestinien sur Gaza.
La même peine qu’en première instance, huit mois de prison avec sursis, a été requise ce mercredi en appel contre l’international algérien Youcef Atal, poursuivi pour “incitation à la haine à raison de la religion” pour avoir reposté la vidéo d’un prédicateur palestinien sur Gaza. “Je ne fais pas de la politique, je ne suis qu’un joueur de foot”, s’est défendu l’ancien défenseur de devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence, répétant que son intention, le 12 octobre 2023, était “juste un message de soutien à des gens en train de souffrir”.
Atal a plaidé la maladresse
Tee-shirt blanc, pantalon et blouson noir, Atal a une nouvelle fois plaidé la maladresse. “Ce n’est pas parce que j’envoie un message de soutien à la Palestine que je suis contre les juifs ou quoi que ce soit”, a insisté le joueur de 28 ans: “L’erreur que j’ai faite c’est que je n’ai pas regardé la vidéo jusqu’à la fin, sinon je ne l’aurais pas partagée. J’aurais dû faire plus attention”. Constatant “comment une vie ou une carrière peut basculer en l’espace de quelques secondes”, en l’occurrence celle de l’ex-joueur niçois (2018-2024), qui évolue aujourd’hui pour le club qatari d’Al-Sadd, l’avocate générale Valérie Tavernier a estimé que la vidéo repostée par Atal était “clairement un appel à la haine”, même si “le message est insidieux”.
“M. Atal est responsable de ce qu’il poste, il doit assumer”, a insisté la magistrate, estimant que les peines prononcées par le tribunal correctionnel de Nice le 3 janvier 2024, huit mois de prison avec sursis, 45.000 euros d’amende et la publication du jugement dans le quotidien régional Nice-Matin et le journal Le Monde, “semblent correspondre parfaitement aux faits et à la personnalité du prévenu”.
Cinq jours après l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, suivie des bombardements d’Israël sur Gaza, Atal avait partagé avec ses 3,2 millions d’abonnés sur Instagram une vidéo de 35 secondes du prédicateur palestinien Mahmoud Al Hasanat évoquant le sort des enfants de Gaza sous les bombes, puis appelant à “un jour noir sur les juifs”.
Elon Musk et Dieudonné
Prévenu par l’OGC Nice du caractère polémique des propos, il avait rapidement supprimé la vidéo de son compte, postant un message d’excuses. Un mois après sa condamnation, Nice, où Atal évoluait depuis 2018, avait annoncé le départ du joueur pour le club turc d’Adana Demirspor, que celui-ci a ensuite quitté à l’été 2024 pour celui d’Al-Sadd à Doha. Les avocats des six parties civiles ont globalement estimé que le joueur était “un faux naïf”, rappelant que Mahmoud Al Hasanat s’était insurgé contre les dirigeants arabes appelant à aider à la reconstruction de Notre-Dame et félicité des assassinats par des islamistes des professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard.
L’avocat d’Atal a lui refusé que son client devienne “le symbole de l’antisémitisme en France”. Dénonçant comme “surréalistes” les peines prononcées en première instance, Me Tom Michel a estimé que la cour ne pouvait condamner son client faute de pouvoir démontrer tout élément intentionnel. Rappelant des précédents visant l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, l’humoriste Dieudonné et son geste de la “quenelle”, ou encore Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front National, promettant de faire “une fournée” de Patrick Bruel, l’avocat a souligné qu’ils avaient tous été acquittés justement pour manque d’élément intentionnel.
Dès l’ouverture de l’audience, Me Michel avait préventivement plaidé l’exception d’incompétence des juridictions françaises au profit des juridictions algériennes sur ce dossier, rappelant que le message d’Atal avait été posté “depuis l’Algérie, en arabe, sur une plateforme américaine, et ne visait pas la France”. Sinon “cela instituerait une compétence universelle des juridictions françaises”, a souligné l’avocat, estimant que la justice française aurait alors pu poursuivre “le terrible salut nazi d’Elon Musk”. La décision de la cour d’appel a été mis en délibéré au 30 avril.