Thibaut Durand / HANS LUCAS
Séparation
Par Marianne
Publié le
À l’université Lyon-2, le cours du géographe Fabrice Balanche a été interrompu par une quinzaine d’étudiants et de manifestants pro-palestiniens, ce mardi 1er avril. Ils reprochaient à l’enseignant-chercheur d’avoir salué l’interdiction d’une rupture du jeûne du ramadan dans une salle du campus quelques jours plus tôt.
Ce mardi 1er avril, autour de 15 heures, sur le campus Porte des Alpes de l’université Lyon-2, des manifestants pro-Palestine envahissent le cours du professeur et géographe Fabrice Balanche. Dans une vidéo relayée par le syndicat étudiant classé à droite UNI sur X (ex-Twitter), on voit une quinzaine de militants débarquer dans l’amphithéâtre, encapuchonnées et le visage masqué, encercler le bureau du professeur en criant « Sionistes, racistes, c’est vous les terroristes ! » et brandissent des pancartes « Pour une Palestine libre – Non au nettoyage ethnique ».
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Le professeur décide alors, de manière presque impassible, de ramasser ses affaires et de quitter l’amphithéâtre, sous les huées des manifestants, qui le qualifient de « sioniste » et l’appellent à assumer ses propos tenus la veille au soir. L’action a été dénoncée en direct par certains élèves du professeur. « Ça mène à rien », affirme l’un d’eux, tandis que les militants ont été applaudis par d’autres étudiants au moment où ils partaient.
Dénonciation de l’activisme des « islamo-gauchistes »
Fabrice Balanche s’était en effet exprimé sur la chaîne de télévision CNEWS la veille pour dénoncer l’activisme de militants « islamo-gauchistes » qui avait bloqué le campus une semaine auparavant – le 28 mars dernier – pour protester contre la décision de la direction d’interdire une soirée fêtant la rupture du jeûne et la fin du Ramadan dans l’enceinte de l’université. Une action menée par le syndicat Solidaires étudiant Lyon pour dénoncer un « processus de fascisation » et des « propos islamophobes et racistes », selon leur communiqué.
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« Le meneur, un grand masqué et barbu, a commencé à m’invectiver directement en me traitant de pro-israélien, de sioniste et d’islamophobe, parce que j’avais dénoncé la tenue de l’Iftar [rupture du jeûne dans l’islam] à l’université sur CNEWS », a raconté le maître de conférences au Figaro Étudiant ce 2 avril, tout en précisant « qu’il n’y a pas eu de violence ». Le professeur ne compte cependant pas porter plainte, arguant que c’est à l’université de s’y employer.
Vague de soutiens
L’Université Lumière Lyon 2, qui ne s’est pas encore prononcée sur cet aspect, a d’abord dénoncé « ce type d’agissements inacceptables » et réaffirmer « sa volonté d’assurer le déroulement serein de ses activités de formation et mettra tout en œuvre pour que cette situation ne se reproduise pas ». L’administration a fait savoir au professeur qu’un gardien serait posté à l’entrée de l’amphithéâtre où il donne ses cours pour empêcher toute intrusion.
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Le professeur a reçu des soutiens de toute part depuis l’événement, de la part de ses confrères et consœurs, à l’image de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker, qui qualifie cet acte d’« atteinte aux études sur l’islamisme contemporain », dans une vidéo publiée sur X ce 4 avril.
Gabriel Attal, Aurore Bergé ou encore François-Xavier Bellamy, sont également venus apporter leur soutien à l’enseignant. L’eurodéputé Les Républicains (LR) a dénoncé à son tour sur X la « violence d’extrême gauche qui fait désormais la loi et interdit les professeurs qui refusent de se taire » et appelle à la sanction de ces « artisans du chaos ».
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne