Écrivain et trublion des luttes populaires, Alexandre Jardin s’invite sur le front des colères territoriales. Des ZFE aux Gilets jaunes, il clame son amour des « sans-voix » et étrille l’écologie hors-sol. Engagement sincère… ou opportuniste ?
Au café l’Imprévu, rue La Boétie, à deux pas de son deux-pièces parisien, Alexandre Jardin vient de raccrocher avec un journaliste anglais « qui envie notre insoumission à la française ». Les SMS s’enchaînent, il jubile. La veille, il organisait une manifestation contre les zones à faibles émissions (ZFE), avec des automobilistes, des motards, des forains et des élus. « C’était dément », se réjouit l’auteur de Fanfan (1990). Avant de s’attabler, le sexagénaire montre avec enthousiasme la photo d’une manifestante qui brandit, au milieu de la foule, son dernier opus, les #Gueux, publié le 27 mars chez Michel Lafon et déjà vendu à 20 000 exemplaires (selon l’éditeur).
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Il y raconte la colère des habitants du village de l’Aude où il possède une maison, qui craignent d’être privés d’accès à la ville, faute de posséder une voiture conforme aux nouvelles normes environnementales. « Quand tu as un macaron Crit’Air 5 sur ta voiture, comment tu fais pour lever une fille ? », lui a assuré un de ses voisins. « Le mot “ségrégation” va peser lourd pour les municipales », prédit-il.