Les grands boss français sortent de leur réserve. Et pestent contre les impôts, les normes, Bruxelles et même les écolos. À l’origine de ces ruades patronales, la peur de voir se terminer la mondialisation avec ses marges confortables. Comme le montre « Marianne », ils ont investi surtout aux États-Unis et en Asie, et ont négligé l’Europe.
« Si vous ne vous occupez pas de politique, la politique s’occupera de vous. » La célèbre mise en garde de Michel Rocard vient de recevoir le curieux hommage… du CAC 40. D’ordinaire plutôt discrète, embusquée derrière des organisations patronales ou des think tanks partenaires, la fine fleur des multinationales françaises sort désormais de sa réserve. Les grands patrons se piquent ouvertement de politique.
Chacun y va de sa ruade managériale avec sa cible favorite. Le plus riche – et sans doute le plus puissant – d’entre eux, Bernard Arnault, à la tête de LVMH, ne mâche pas ses mots à l’encontre de la Commission européenne, vétilleuse institution « bureaucratique » juste bonne à « édicter des normes ». Les protestations d’un poids lourd comme Patrick Pouyanné (TotalEnergies) contre, cette fois, les normes administratives françaises, à la fin 2024, a comme enhardi ses compères.