La saignée se poursuit chez Intel. Le géant américain s’apprête à se séparer de 20 % de ses employés à partir de la semaine prochaine, révèle Bloomberg ce mercredi. Une mesure qui doit permettre de rationaliser la gestion et reconstruire la culture « axée sur l’ingénierie », précise le média américain.
C’est la première décision de ce type prise par le nouveau PDG Lip-Bu Tan, qui a repris la direction de l’entreprise il y a environ un mois. L’été dernier, le groupe avait déjà supprimé 15 000 emplois.
✍Des difficultés financières
L’entreprise américaine est dans une période difficile. En 2024, elle a enregistré une baise des ventes de ses processeurs (CPU) et a subi de plein fouet la concurrence de l’américain Nvidia sur les processeurs graphiques (GPU), nécessaires pour l’intelligence artificielle générative.
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C’est notamment l’activité de fonderie qui est la principale responsable de ses difficultés financières. Arrivé en février 2021, l’ancien PDG d’Intel, Patrick Gelsinger, a tout misé sur l’activité manufacturière comprenant les chaînes de production et d’assemblage des semi-conducteurs. Un plan d’investissement colossal qui devait concurrencer le géant taïwanais TSMC et le coréen Samsung. Sur trois ans, l’entreprise a alors dépensé plus de 100 milliards de dollars d’investissement.
Mais cette stratégie a effrayé les investisseurs : en Bourse, son action a perdu plus de 50 % en 2024. D’autant plus que tous ses concurrents ont délaissé la partie fabrication pour se concentrer sur l’architecture des puces. Intel est la seule à avoir gardé les deux activités sur lesquelles elle a pris du retard. Pis, l’entreprise a même sous-traité la fabrication de certains de ses processeurs à… TSMC.
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✍Quatre directeurs en sept ans
Pour redresser la barre, le géant des semi-conducteurs s’est séparé de Patrick Gelsinger en décembre 2024. C’est un ancien membre du conseil d’administration, Lip-Bu Tan, qui a ainsi pris la direction générale au printemps. C’est le quatrième directeur en seulement sept ans.
Lip-Bu Tan a été choisi pour rattraper le retard d’Intel dans la course aux semi-conducteurs. Mais les difficultés persistent. Encore fin février, l’entreprise a annoncé un retard de plusieurs années dans la construction de deux usines dans l’Ohio qu’auraient du commencer à produire dès cette année. La nouvelle échéance a été fixée à partir de 2030.
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✍Une coentreprise avec TSMC
Afin de rattraper son retard, Intel vient de former une coentreprise avec son concurrent taïwanais TSMC, leader dans le secteur. Ce dernier a pris une participation de 20 % dans le capital de cette entreprise commune. TSMC devrait ainsi partager à l’américain des procédés technologiques, et former une partie de son personnel.
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Cette coentreprise s’inscrit dans la volonté des États-Unis de produire davantage de puces sur le sol américain. Le Chips Act, mis en place sous Joe Biden, offre des subventions aux entreprises pour faire construire des usines. Une stratégie cependant insuffisante aux yeux de Donald Trump, qui mise plutôt sur les droits de douane pour inciter les entreprises à venir s’installer aux États-Unis. La semaine dernière, le président a indiqué qu’il annoncerait bientôt de nouvelles taxes sur les semi-conducteurs.
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