La Banque des règlements internationaux (BRI) s’inquiète de la politique de Donald Trump. Les droits de douane peuvent être considérés « comme un choc sur l’offre », a expliqué Hyun Song Shin, le nouveau chef du département monétaire et économique de cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales.
Et si ces droits de douane sont de surcroît « entourés d’incertitudes », cela n’aide « doublement pas », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication, ce mardi, du rapport trimestriel de cette institution basée à Bâle, en Suisse.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, le président des États-Unis Donald Trump a annoncé une série de droits de douane à l’égard de ses principaux partenaires commerciaux, mais il a soufflé le chaud et le froid quant à leur mise en œuvre.
Les déclarations tonitruantes et multiples revirements autour des droits de douane ont déclenché une forte correction en Bourse, les grands indices boursiers à Wall Street effaçant tous leurs gains depuis novembre en l’espace de quelques séances face à des investisseurs nerveux quant à leurs répercussions sur l’économie.
Multiples incertitudes
Les multiples incertitudes quant à leur application ajoutent encore un peu plus à la fébrilité des marchés. « Nous sommes confrontés à un haut degré d’incertitudes sur plusieurs fronts », a prévenu Hyun Song Shin.
Car aux incertitudes sur les politiques économiques, dont les droits de douane, s’ajoutent les incertitudes liées aux politiques budgétaires de plusieurs pays ainsi que celles relatives aux perspectives de croissance économique et d’inflation. Le scénario de base de la BRI reste celui d’un « atterrissage en douceur de l’économie mondiale », a répété à plusieurs reprises son chef économiste.
Cependant, ce climat incertain peut potentiellement avoir des répercussions sur différents pans de l’économie, qu’il s’agisse des dépenses des ménages qui vont hésiter à engager d’importantes dépenses ou encore des entreprises qui vont y regarder « à deux fois » avant d’investir ou embaucher.
« Lorsque vous investissez à long terme, il est important d’avoir une vision claire d’où va l’économie », a-t-il insisté.
Alors, « clairement, dans ce moment d’incertitude accrue et d’imprévisibilité, nous devons surveiller étroitement l’évolution de l’économie et des politiques économiques puisqu’elles peuvent potentiellement influencer les conditions financières et l’activité économique réelle », selon lui.
La crainte d’une récession aux États-Unis
Trump inquiète. Et les inquiétudes sont exacerbées depuis que le président américain est resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé dimanche s’il s’attendait à une récession aux États-Unis, avouant plutôt prévoir « une période de transition ». « Les paris [des investisseurs] sur une récession augmentent de jour en jour », a détaillé Ipek Ozekardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.
Dans ce contexte, « le rapport de l’emploi américain JOLTS sera scruté à la loupe », a souligné John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud. Ce document, qui doit être publié à 15 h (heure de Paris), mesurera le nombre d’offres d’emplois disponibles aux États-Unis au mois de janvier et donnera une nouvelle indication de la dynamique de la première économie mondiale.
« Si l’incertitude liée aux droits de douane commence déjà à avoir un impact sur les indicateurs économiques américains, cela se répercutera au fil du temps sur l’Asie par le biais d’un ralentissement des investissements dans les usines manufacturières et d’une baisse des exportations », a expliqué Michael Wan, analyste de la banque MUFG.
Les investisseurs scrutent aussi l’Allemagne
Les investisseurs restent aussi à l’affût de l’évolution de la situation politique en Allemagne, où les Verts ont menacé lundi de ne pas voter en faveur du plan d’investissements géant du futur gouvernement de Friedrich Merz, plébiscité la semaine dernière par les marchés. « Le pragmatisme l’emportera-t-il ou nous dirigeons-nous vers une épreuve de force fiscale et politique à Berlin ? Le résultat pourrait modifier la trajectoire économique de l’Allemagne, et de l’Europe », a résumé John Plassard.
Côté obligataire, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans allemand de référence était à 2,86 %, contre 2,83 % la veille en clôture. Sur les devises, l’euro gagnait 0,53 % à 1,09 dollar pour un euro.
(Avec AFP)
À lire également
latribune.fr