Les habitants les plus âgés verront peut-être l’initiative comme un retour aux sources, mais une grande partie la considérera comme inédite : le 12 juin prochain, la consigne en verre à grande échelle sera officiellement lancée dans quatre régions françaises, a révélé le quotidien Ouest-France ce jeudi matin. Bretagne, Pays de la Loire, Normandie et Hauts-de-France, ces quatre territoires ont été choisis pour cette expérimentation grandeur nature. Et ce, en raison de leur exemplarité matière de tri des déchets.
L’expérimentation sera menée sur 18 mois et concerne « 16 millions d’habitants potentiellement », a chiffré ce jeudi Citeo, l’organisme chargé de coordonner la collecte et le tri des déchets d’emballages ménagers. Progressif, le déploiement de la consigne doit mener, à terme, à la mise en circulation de 55 millions d’emballages en verre. Un palier de 30 millions sera franchi dès 2025, le reste en 2026, a précisé Citeo. Objectif de taux de réemploi visé pour le moment par l’éco-organisme : 50 % d’emballages en verre rapporté par les consommateurs.
Une rémunération entre dix et vingt centimes
Comment fonctionnera concrètement le dispositif ? Les consommateurs qui rapporteront leurs contenants dans les points de collecte désignés gagneront « dix centimes pour les petits emballages » et « 20 centimes pour les plus grand format », a précisé Citeo. Le prix de la consigne sera à chaque fois visible sur le prix du produit et les emballages concernés porteront une petite étiquette violette « Rapportez-moi pour réemploi ». Certains emballages seront aussi dotés d’un bandeau violet où il sera écrit « récupérez le montant de votre consigne en rapportant cet emballage ».
Huit grands distributeurs, partenaires de l’opération, mettent à disposition leurs magasins comme points de collecte : Système U, également Carrefour, Intermarché, Monoprix, Biocoop, Leclerc, ainsi qu’Auchan. En outre, plus de 50 industriels, dont de nombreux brasseurs de bière, se sont engagés dans la démarche.
Pour absorber le flux, des centaines de machines de récupération d’emballages sont en cours d’installation dans les lieux de collecte partenaires. Les retours pourront aussi se faire directement en caisse. « On imagine environ deux tiers des magasins avec des machines, sur lesquelles le consommateur est autonome. Et environ un tiers où cela se fera à la caisse », en cas de manque de place par exemple, a également dit Citeo.
La France a déjà connu la consigne en verre
Pour mémoire, le déploiement de la consigne en verre est une des résultantes de loi « loi antigaspillage pour une économie circulaire », dite loi Agec. Votée en 2020, la mouture avait parmi ses objectifs 10 % d’emballages réemployés en France d’ici à 2027, avec un palier intermédiaire de 5 % en 2023, pour l’instant non atteints.
Dans son histoire, la France a déjà connu la consigne en verre, qui est apparue à la fin de XIXè siècle, après que l’Angleterre, pionnière, l’a mis en place. Mais il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir le processus se généraliser dans l’hexagone, avec une obligation légale. C’est l’émergence du modèle de la grande distribution, et du plastique à usage unique, jugé plus pratique, voire rentable, qui a fait disparaître la consigne, à partir des années 1980.
Vertus
Interrogé sur France culture en août 2024, Nicolas Marty, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Perpignan, estime que la consigne en verre est un « système vertueux », en raison de sa faible circularité, c’est-à-dire qu’une bouteille peut se recycler jusqu’à vingt fois de suite, voire plus, selon la qualité du verre.
Autre vertu : d’après plusieurs études, le système de consigne permet d’économiser jusqu’à 75 % d’énergie, et 33 % d’eau par rapport au recyclage du verre (dans ce cas-là, le matériau est refondu pour fabriquer d’autres contenants en verre). C’est d’autant plus vrai que les fours permettant de fabriquer des contenants en verre vierge, consomment énormément d’énergie. Même si des alternatives électriques commencent à émerger.
Un autre avantage souvent mis en avant par les promoteurs du système : la création d’emplois, plus difficilement délocalisables, avec des livreurs ou des laveurs de verre, qui doivent se situer proche des lieux de collecte pour rentabiliser le process.
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