LUDOVIC MARIN/AFP
Fiscalité
Par Marianne avec AFP
Publié le
Dans un entretien au « Parisien » publié ce samedi 19 avril, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin n’a pas écarté la possibilité de supprimer l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités, estimant « que ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution ».
Le gouvernement s’attaquera-t-il à l’abattement fiscal des retraités ? Comme les actifs, ces derniers peuvent diminuer de 10 % leurs revenus au moment de leur déclaration, une possibilité jugée « aberrant(e) » par le Medef, qui a appelé à sa suppression. Interrogée par Le Parisien sur l’éventualité d’une suppression de cet abattement, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin n’a pas écarté cette hypothèse. Cette dernière a indiqué que, « dans le cadre du conclave » sur les retraites, les « partenaires sociaux regardent l’ensemble des sujets », y compris « les avantages pour les retraités ».
À LIRE AUSSI : Retour à la retraite à 62 ans : emploi des seniors, droits de succession… Nos 7 pistes pour trouver 24 milliards
« Je pense, à titre personnel, qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement », a avancé la ministre dans cet entretien publié ce samedi 19 avril. Et d’ajouter : « Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez. » Le gouvernement cherche à supprimer des niches fiscales dans le cadre du budget 2026 pour tenter de réduire le déficit public, qui s’est creusé à 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024.
À LIRE AUSSI : La Cour des comptes pointe de graves iniquités au cœur des systèmes de retraite
L’abattement fiscal pour les retraités a été introduit en 1978 dans l’objectif de les mettre à égalité avec les actifs qui bénéficient eux aussi d’une déduction fiscale automatique de 10 % de leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels. Supprimer l’abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l’augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d’autres, qui sont non imposables aujourd’hui, le deviennent.
Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s’est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge « aberrant ». « Qu’un retraité bénéficie d’une exonération fiscale pour des frais professionnels », « pour 4 milliards et demi d’euros par an », c’est « contre-nature » et « aberrant », selon le dirigeant de la première organisation patronale.
À LIRE AUSSI : “On vous trouve trop vieux, trop cher, dès 55 ans !” : les seniors, victimes invisibles de discriminations à l’embauche
Mais pour l’UNSA-Retraités, « l’abattement de 10 % appliqué à la fiscalité des retraités n’a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels » des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression « augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches », avait ajouté l’UNSA-Retraités.
Nos abonnés aiment
Plus de Politique
Votre abonnement nous engage
En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.
Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne