La Lettre Zola : un ovni de papier qu’on aime beaucoup

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La Lettre Zola : un ovni de papier qu’on aime beaucoup




















Chaque mois, les abonnés peuvent se plonger dans un récit littéraire de 50 pages, sous la plume d’un auteur contemporain prometteur.
La Lettre Zola

Littérature pour tous

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Qu’est-ce que c’est, au juste : un livre ? Une petite revue mensuelle ? Une élégante enveloppe au design particulièrement séduisant ? “La Lettre Zola”, qui vient de fêter son premier anniversaire, coche les trois cases. Entre presse écrite et édition, elle réinvente une forme de littérature sur abonnement, après la quasi-disparition des très populaires clubs de livres.

Envoyée par la poste, la Lettre Zola offre chaque mois à ses milliers d’abonnés un récit littéraire de 50 pages sous la plume d’un auteur contemporain prometteur. Et ce, sous la forme originale d’une enveloppe qui se déplie en livre. Ingénieux, joli, l’ovni de papier procure plus de plaisir sensoriel qu’une newsletter, manière de dire qu’il s’agit bien ici de « repenser le lien entre écrivains et lecteurs ». Lancé par Louis Vendel et Manor Askénazi, 60 ans à eux deux, ce média littéraire d’un nouveau genre publie de jeunes écrivains déjà (un peu) reconnus. « Des jeunes pousses plutôt que des vieux briscards », glisse François Vey, ancien pilier du Parisien et de Zadig, attentif à l’aventure.

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Trentenaires ou jeunes quadras comme Mathieu Palain, François-Henri Désérable, Léna Ghar, Blandine Rinkel, ils ont déjà un, deux ou trois romans à leur actif. Pour la Lettre Zola, ils ont accouché d’une « histoire vraie qui embraye peu ou prou sur un enjeu de société de la France d’aujourd’hui » : c’est le « cahier des charges », nous explique Louis Vendel dans un café du 11ème arrondissement de Paris. Les thèmes sont dans l’air du temps : emprise, Restos du cœur, femmes policières, soin, santé mentale, migrations… Le tout atterrit dans votre boîte à lettre pour 99,90 euros les douze numéros publiés chaque année. Les abonnés : ils sont au nombre de « quelques milliers », lâche notre interlocuteur sans préciser davantage. Au vu de la formule, on les imagine très urbains (mais pas forcément parisiens), diplômés, et appartenant à une génération comprise entre celle des fondateurs et celle du parrain officiel, l’écrivain et ancien rédacteur en chef du Monde, Éric Fottorino, 64 ans. Apparemment, le petit nouveau fait son trou : « ça marche bien », assure Vendel.

L’âge d’or des Book Clubs

Curieusement, la Lettre Zola remet au goût du jour une littérature par abonnement qui a eu son heure de gloire dans la deuxième moitié du siècle dernier. Dans son dernier livre, Déshonorer le contrat (Gallimard), Antoine Compagnon évoque ces institutions éditoriales de la France d’après-guerre, le Club français du Livre (1946), le Club du Meilleur Livre (1952), le Club des Libraires de France (1953). Promues par des « francs-tireurs et des aventuriers de l’édition », note Compagnon, ces entreprises vendaient des livres par abonnement et par correspondance « en suivant les techniques du marketing direct ».

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Prisés par les classes moyennes émergentes des années 1950-1960, les clubs publiaient pour des centaines de milliers d’abonnés des classiques (Racine, Molière, Balzac, Apollinaire), de grands auteurs de l’époque (Camus) et des best-sellers d’alors, enrichies d’illustrations et d’introductions (par Roland Barthes, notamment), bref, une culture classique pour le lectorat de masse que constituaient alors les classes moyennes émergentes. D’une époque l’autre. En 2025, tout a changé, les classes moyennes s’érodent, elles lisent moins, regardent Netflix. France Loisirs, le dernier des clubs, bat de l’aile. C’est dans ce contexte que la petite Lettre Zola prend son envol, avec ses auteurs pointus, et son public restreint. Le début d’une réjouissante et atypique aventure ?


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