Alors que plus d’un tiers des clubs d’Arkema Premier League sont à vendre, la Ligue féminine de football professionnelle, par la voix de son président Jean-Michel Aulas et de celle de Philippe Diallo, le patron de la Fédération française de football, se dit satisfaite de l’état du football féminin en France. En lui promettant de beaux jours devant lui.
C’est le sourire aux lèvres que Jean-Michel Aulas est arrivé, ce mardi vers 9h30, au deuxième étage du siège de la Fédération française de football, avant de s’installer dans une petite salle de conférence sur la gauche de Philippe Diallo, président complice, pour dresser un premier bilan de la nouvelle LFFP, créée en juillet 2024. La satisfaction en fil rouge. “Aujourd’hui, nous comptons plus de 250.000 licenciées. Un record qui en fait le premier sport collectif féminin en France. C’est un nombre que nous voulons doubler dans les prochaines années”, a annoncé le président de la FFF. Pour cela, le budget alloué au foot féminin va augmenter crescendo: 9 millions ont été débloqués au lancement de cette Ligue, puis 14 millions de plus ces derniers mois. “Nous avons un engagement d’investissement de 70 millions d’euros sur cinq ans”, assure Philippe Diallo. “Pour ambitionner de devenir une des premières ligues européennes”, complète Jean-Michel Aulas, fier de pouvoir compter sur Arkema, sponsor principal qui vient de prolonger de trois ans, jusqu’en 2028.
“Le foot féminin va être dans une croissance vertueuse à l’avenir”
L’ex-président de l’OL a encore en tête l’année 2006, lorsqu’il était membre de l’ECA (l’Association des clubs européens). “A ce moment-là, aucun des grands clubs masculins n’avaient sa section féminine. Aujourd’hui, c’est le cas pour la plupart d’entre eux.” Une dynamique sur laquelle s’appuyer à l’heure où l’affluence dans les stades de Première Ligue a fait un bond de 50% et 100% pour celle de Seconde Ligue. Des affluences qui pourraient encore augmenter la saison prochaine grâce aux montées dans l’élite de deux clubs populaires: le RC Lens et l’Olympique de Marseille. Pour autant, ce discours d’espoir et d’optimisme tenu pendant un peu plus d’une heure se heurte à une réalité économique moins réjouissante. Confrontés à la catastrophe des droits TV, les clubs pros tirent la langue et les sections féminines en font parfois les frais. Comme annoncé le mois dernier par RMC Sport, Le Havre, Reims, Montpellier songent à vendre leur section féminine.
Dijon (National) a déjà franchi le pas. “Parfois les dirigeants de club n’ont pas de vision suffisamment mature du football féminin”, regrette Jean-Michel Aulas. “Le foot féminin ne doit pas être une victime du contexte compliqué du foot masculin.” Pour aider les clubs, ces derniers auront la possibilité, à partir d’un seul numéro d’affiliation, d’avoir deux structures séparées (c’est déjà le cas à Lyon): masculine et féminine. Il existera également une possibilité pour la FFF, grâce à la future loi, de créer une société commerciale avec des clubs de football féminin actionnaires à l’image de ce qui a été annoncé par Philippe Diallo, lundi, concernant le football masculin. La vente des structures féminines, c’est aussi l’occasion de “transformer les opportunités en solutions durables”, estime Jean-Michel Aulas, consacré à 100% sur son rôle actuel malgré les intenses sollicitations pour reprendre la mairie de Lyon. “Le football féminin est dans une période de croissance plus intense que le football en général, il faut construire avec les solutions du moment.”
Des investisseurs attendus et quelques nouveautés
Des solutions qui peuvent venir d’investisseurs, étrangers ou français. Six investisseurs américains et anglais sont entrés ces derniers mois en discussion avec la LFFP et les clubs concernés d’Arkema Première Ligue. Deux investisseurs français sont également sur les rangs et s’intéressent à des sections féminines. “Je pense que les investisseurs vont se rendre compte que ce n’est pas le moment de céder”, prédit Jean-Michel Aulas. “Les investisseurs étrangers apportent une crédibilité sur le plan médiatique, mais quand on a la chance de voir la famille Arnault au Paris FC, Xavier Niel qui investit à Créteil et qui est aussi intéressé par le football féminin, tout comme des fonds d’investissement français également issus de Family Office, c’est à prendre en compte. Dans les semaines ou les mois qui viennent, on va voir émerger des investisseurs étrangers mais aussi français. Le cercle vertueux est lancé.”
En attendant, les projets déjà lancés par la LFFP suivent leur cours: l’idée d’une troisième division professionnelle, un statut pro des joueuses qui tend à évoluer “la convention progresse”, explique Aulas. “Les discussions avancent avec le syndicat des joueurs” mais aussi la création d’une nouvelle compétition: une Coupe de Ligue pour permettre aux équipes qui jouent moins d’avoir plus de matchs “La finale se tiendra à Abidjan”, annonce l’ex-patron de l’OL. “La compétition aura un namer. L’ambition est de remplir un stade de 50.000 personnes pour la finale la saison prochaine.” Une belle performance de l’équipe de France au mois de juillet lors de l’Euro 2025 en Suisse permettra peut-être de faire grandir le nombre d’adhérents… même si la Coupe du monde 2019 n’a pas eu l’effet escompté à ce niveau-là.