Et revoilà l’épée de Damoclès qui menace les États-Unis : le fameux shutdown. « Nous verrons bien, mais ça pourrait se produire », a déclaré le président américain dimanche, à bord d’Air Force One, à propos du risque de voir l’État fédéral à court de financement dans la nuit de vendredi à samedi. Si aucun accord n’est trouvé, l’administration fédérale serait paralysée : des centaines de milliers de fonctionnaires se retrouveraient en chômage technique, privés de salaire jusqu’à la résolution de la crise. Le trafic aérien pourrait être perturbé, et certaines aides alimentaires aux familles à bas revenu risqueraient d’être suspendues.
En décembre, le Congrès avait évité in extremis une telle situation, repoussant l’échéance au 14 mars. Conscient du coût politique d’un shutdown, Donald Trump cherche à éviter une nouvelle impasse. Lors de son premier mandat, un bras de fer avec les démocrates sur le financement du mur frontalier avec le Mexique avait entraîné une paralysie partielle de 35 jours, la plus longue de l’histoire des États-Unis.
Trump mobilise les républicains
Le locataire de la Maison-Blanche a apporté son soutien à la proposition budgétaire présentée samedi et appelle les élus républicains à voter en faveur de ce texte, qui financerait l’État fédéral jusqu’en septembre. Cette mesure temporaire offrirait plus de flexibilité en vue de l’adoption d’un budget plus conséquent dans les prochains mois, incluant des fonds pour certaines de ses priorités, comme l’expulsion massive de migrants. Mais la fragile majorité républicaine à la Chambre complique les négociations. Plusieurs élus conservateurs, partisans d’une discipline budgétaire stricte, refusent les financements temporaires, qu’ils jugent responsables de l’aggravation de la dette fédérale.
Les démocrates, eux, dénoncent un projet de budget marqué par des coupes drastiques dans les services publics. Sous l’égide d’Elon Musk, chargé depuis la victoire républicaine de superviser une commission sur l’efficacité gouvernementale (Doge), plusieurs agences fédérales font face à des fermetures et des licenciements massifs. Pour Rosa DeLauro, élue démocrate, le texte républicain « ferme la porte aux négociations » et représente « un chèque en blanc pour Elon Musk ». Si la Chambre des représentants valide le texte, il devra ensuite être approuvé par le Sénat, où des voix démocrates seront nécessaires. Tim Kaine, sénateur et ancien colistier d’Hillary Clinton, a dénoncé un plan qui « fera du mal aux gens ordinaires ». Il accuse Trump de vouloir détourner les fonds « au profit de crédits d’impôt pour les ultra-riches ».
À l’approche de l’échéance, chaque camp s’accuse de pousser le pays vers la crise. Pour Mike Johnson, président de la chambre des Représentants, il revient aux démocrates du Sénat de « faire ce qui est juste ». « Je ne pense pas qu’ils vont paralyser le gouvernement », a-t-il assuré lundi. De leur côté, les démocrates estiment que les républicains « cherchent à saboter l’économie », selon Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate à la Chambre.
Cette crise budgétaire intervient alors que l’économie américaine donne des signes de ralentissement. Interrogé dimanche par Fox News sur le risque d’une récession, Donald Trump s’est montré évasif : « Je déteste prédire les choses comme ça », a-t-il éludé. Pressé par des journalistes à bord d’Air Force One, il a simplement répondu : « Qui sait ? ». Les économistes des grandes banques américaines mettent en garde : « Plus les tensions budgétaires persistent, plus le risque de récession augmente. » La dernière contraction économique aux États-Unis remonte au début de 2020, en pleine crise du Covid-19, quand des millions d’Américains avaient perdu leur emploi.
(Avec AFP)
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