Un an et demi après la fin de sa carrière à Caen, en juillet 2023, Benjamin Jeannot s’est reconverti dans la vente de voitures en Bretagne où il découvre brutalement “la vraie vie” avec de nouveaux horaires de bureau et un salaire bien moindre que ceux qu’il touchait comme footballeur.
A 33 ans, Benjamin Jeannot a un âge où il pourrait encore courir sur les terrains de football professionnel. Mais l’ancien attaquant de Nancy et Lorient a mis un terme à sa carrière à l’été 2023 après une dernière saison en Ligue 2 avec Caen. Un an et demi plus tard, l’ancien joueur exerce loin des terrains puisqu’il s’est reconverti comme vendeur de voitures d’une célèbre marque allemande près de Lorient (Morbihan).
“Vous n’avez pas oublié un zéro?”
Et il découvre cette nouvelle réalité avec une certaine brutalité. Celui qui compte plus de 300 matchs et plus de 50 buts chez les professionnels n’a d’abord pas su vers quoi s’orienter lors de son premier entretien à France Travail, l’agence de recherche d’emploi. Il a d’abord pensé à devenir opticien comme sa femme tenait un magasin d’optique. Il s’est finalement lancé dans une formation de technicien de management avant avec d’être embauché comme vendeur de véhicules neufs dans son entreprise actuelle, où il est toujours en période d’essai de trois mois, renouvelable une fois.
“Mes collègues rigolent parce qu’ils voient que pour moi, découvrir la ‘vraie vie’ à 33 ans, c’est brutal”, confie-t-il dans Ouest-France. “Mais ils sont bienveillants avec moi, ils veulent m’apprendre des choses, et ils comprennent que ce n’est pas tous les jours facile. Mais je ne sais pas pourquoi l’automobile. C’est une marque premium, donc je me suis dit que comme j’avais eu des belles voitures pendant ma carrière, pourquoi pas retomber là-dedans… Et comme dans le foot on est enfermé dans notre bulle, on est hyper assisté, quand on se retrouve comme ça, à se demander ce qu’on va faire… J’ai de la chance, ma femme a les pieds sur terre, elle monte sa boîte, et heureusement qu’elle est là, ainsi que mes parents, sinon la chute aurait été plus douloureuse.”
L’ancien international Espoirs français, qui a disputé son premier match en Ligue 1 à 19 ans en 2011, confie sa plus grande crainte, celle de s’astreindre à des horaires de bureau bien éloignés de son ancien cocon de footballeur professionnel. “Puis il y a le salaire à la fin du mois aussi, ce n’est plus le même, c’est tout nouveau”, ajoute-t-il. “À la fin du premier mois, j’étais allé voir les comptables avec ma première fiche de paie, et je leur avais dit en rigolant: ‘Vous n’avez pas oublié de mettre un 0?’ (sur le ton de la blague). J’ai vraiment pris conscience de la vraie vie. Cela m’a vraiment mis un coup derrière la tête quand je m’en suis rendu compte. Après, je me dis que si j’avais mieux géré mon argent pendant ma carrière, si j’avais mieux investi, si j’avais été mieux entouré, j’aurais pu avoir des rentes aujourd’hui et être plus tranquille.”