La mobilisation pour l’interdiction des vols de nuit continue à prendre de l’ampleur dans les rares aéroports régionaux encore dépourvus de règles en la matière. Le bras de fer entre riverains et compagnies aériennes se poursuit à l’aéroport de Toulouse-Blagnac tandis que les 188 élus de la métropole lilloise ont voté à l’unanimité le 28 février dernier une demande de couvre-feu entre 23 heures et 6 heures pour préserver la santé des riverains.
La décision revient néanmoins à l’État qui mène, dans chaque territoire, des « études d’impact selon l’approche équilibrée » visant à trouver des compromis entre les intérêts économiques et environnementaux. À Bordeaux, le préfet a ainsi choisi, fin janvier, d’écarter le scénario du couvre-feu au profit d’une réduction théorique de 75 % des mouvements d’avions entre minuit et 6 heures, alors même que les 70 % des vols nocturnes interviennent entre 22 heures et minuit.
Une solution qui n’est logiquement pas du goût des riverains. « On s’attendait à discuter des horaires d’un couvre-feu mais le préfet a sorti du chapeau un scénario inapplicable puisqu’il repose sur le seul bon vouloir des compagnies », déplore Florence Bougault, la présidente de la Fédération des syndicats et comités de quartiers de Pessac. D’autant que le renouvellement des flottes par des avions moins bruyants reste tributaire des capacités aléatoires des constructeurs Airbus et Boeing à répondre à la forte demande.
Faire pression sur l’État
Sept associations de riverains et de défense de l’environnement (1) ont donc demandé par écrit aux élus métropolitains de voter en faveur d’un couvre-feu ambitieux de 22 heures à 6 heures. Une démarche collective inédite afin de faire pression sur le préfet.
« Il serait incompréhensible que Bordeaux soit la seule agglomération où les élus ne tiennent pas compte de la santé des riverains de l’aéroport. À un an des élections municipales, il est temps qu’ils prennent leurs responsabilités ! », invite la responsable associative. « Pour l’heure, seul le groupe écologiste nous a dit soutenir notre démarche mais sans inscrire de délibération à l’ordre du jour. » De fait, 188 000 habitants de la métropole bordelaise sont actuellement exposés à des degrés divers aux nuisances aériennes diurnes et nocturnes. En 2023, 6 900 vols y ont été opérés de nuit.
Contactés par La Tribune, ni Bordeaux Métropole ni la direction de l’aéroport ni la préfecture n’ont souhaité s’exprimer sur ce sujet. « Le scénario retenu ne satisfait personne à 100 % mais c’est la meilleure synthèse pour atteindre les objectifs de diminution du bruit sans trop pénaliser le développement économique », défendait le préfet fin janvier, évoquant une entrée en vigueur de l’encadrement des vols de nuit dans le courant de l’année 2026.