mercredi, juin 18, 2025
  • العربية
  • English
  • À la une
  • Sportive
  • Actualités
  • Politique
  • Économie
  • Login
  • Register
No Result
View All Result
No Result
View All Result
Home @La Tribune

L’A65, autoroute pionnière de la compensation écologique

mars 11, 2025
in @La Tribune, Économie
Reading Time: 6 mins read
0 0
A A
0
L’A65, autoroute pionnière de la compensation écologique
0
SHARES
0
VIEWS
Share on FacebookShare on Twitter

La Tribune - Economy

https://static.latribune.fr/2540591/compensation-environnementale-a65-cdc-biodiversite.png

Sur une ancienne gravière, les oiseaux se sont remis à chanter. Les pépiements d’une Bouscarle de Cetti, un petit passereau, et le vol d’un pic vert sont d’emblée repérés par Emilie De Blas. Cette responsable d’études naturalistes pour l’organisation publique CDC Biodiversité interprète aussi le paysage silencieux.

« On a des Grenouilles verte et rieuse dans le plan d’eau. Dans les boisements et prairies humides, on trouve des Crapauds calamite et des Grenouilles agiles. Côté oiseaux, on observe régulièrement l’Élanion blanc, un rapace qui trouve un milieu favorable car diversifié avec à la fois des prairies et des lisières, déniche-t-elle. Ce qui est intéressant ici, c’est la mosaïque des habitats. » Bienvenue sur un site de compensation environnementale.

Lire aussiCompenser l’artificialisation des sols : l’impossible défi des LGV vers Toulouse et Dax

À quelques kilomètres au nord de Pau, sur la commune de Lescar, l’entreprise publique assure la gestion et le suivi d’un ensemble de 10 hectares dédié à l’accueil de la biodiversité. Comme 14 autres sites répartis sur trois départements, ce « microsystème » de biodiversité est une œuvre artificielle qui doit compenser les dégâts de l’A65. Avant 2010, il servait de gravière pour alimenter le chantier de cette autoroute longue de 150 kilomètres entre Langon (Gironde) et Pau (Pyrénées-Atlantiques). Désormais, une forêt se dresse face à des prairies entretenues par des chevaux, et des berges aux pentes douces glissent vers un lac aux profondeurs variables, où grouillent aussi bien des poissons que des amphibiens. Entre une départementale très fréquentée et des largages de parachutistes, faune et flore trouvent leurs habitats propices.

3 hectares compensés pour 1 hectare détruit

L’autoroute, mise en service en 2010 après le Grenelle de l’environnement, est la première en France qui a réellement appliqué les mesures de compensation environnementale. 150 millions d’euros, soit plus de 10 % du coût du chantier, ont ainsi été fléchés. Du jamais vu. La loi française oblige pourtant depuis 1976 tous les porteurs de projet à compenser les impacts sur la biodiversité qu’ils n’ont pu éviter.

« Mettre en œuvre les mesures compensatoires sur ces 15 sites a représenté un apprentissage pour tout le monde, témoigne Leticia Collado, chargée de projet pour CDC Biodiversité. Nous considérons que nous avons globalement atteint les objectifs fixés en termes de restauration des habitats, avec plus ou moins de succès sur l’observation des espèces. » La mission fixée à l’entreprise publique est de recréer les habitats favorables qui ont été détruits.

Lire aussiLes entreprises s’emparent (enfin) de la biodiversité et du vivant

Sur une emprise autoroutière de 1.600 hectares, un tiers a ainsi impacté les lieux de vie d’espèces protégées, en particulier de chauve-souris, Fadet des laîches (papillon) et Vison d’Europe. En contrepartie, CDC Biodiversité gère 1.500 hectares d’espaces de compensation, soit trois plus que les surfaces détruites. Une façon d’avoir du foncier en réserve quand la vie des terrains peut évoluer. L’organisme possède la moitié des surfaces. Sur le reste, elle noue des conventions contraignant les propriétaires fonciers à des pratiques environnementales. On trouve par exemple des espaces forestiers aménagés en zones humides ou des champs de maïs devenus prairies.

Un habitat et puis s’en va

La mission va au-delà des seules espèces protégées. « On ne chasse pas les espèces présentes pour en privilégier d’autres. Les actions que l’on mène améliorent la chaîne alimentaire, les conditions de nidification et offrent des lieux refuges. Elles sont donc favorables de manière générale pour la biodiversité », insiste Emilie de Blas.

Un paquet d’actions qui coûte cher au concessionnaire de l’A65, la société A’liénor détenue en totalité par Eiffage. « On parle en centaines de milliers d’euros par an. Ça fait partie des règles du jeu pour répondre à nos engagements », traduit Sylvestre Gallice, directeur technique d’A’liénor. Les frais de compensation ont été intégrés dès le début au modèle économique de l’infrastructure. Pour un coût de trajet à 16 centimes du kilomètre, soit 25 euros entre Langon et Pau, il s’agit de la deuxième autoroute la plus chère de France. L’usager paie pour la dette environnementale et peut admirer durant son trajet les ponts grande faune et viaducs dédiés aux chauves-souris qui enjambent les voies goudronnées.

Lire aussiLes éoliennes empêtrées dans le jeu du mât et de la chauve-souris

« Au-delà des aménagements, beaucoup de projets n’ont pas les moyens de financer un suivi dans le temps. Souvent, ils mettent de l’argent au moment de la construction mais pas sur le long terme. Pour l’A65, nous sommes engagés sur 60 ans », défend Guillaume Benoît, assistant à la maîtrise d’ouvrage pour le compte d’A’liénor. Un suivi rigoureux est capital, mais il ne permet pas de savoir réellement si les espaces compensatoires permettent de regagner les populations de faune et de flore qui ont disparu.

En 2016, CDC Biodiversité a mis au point un indicateur de qualité d’habitat qui, selon une notation multicritère, estime l’état du milieu pour une espèce ou un groupe d’espèce. Après dix ans de gestion autour de l’A65, les résultats sont hétérogènes pour les trois principales espèces impactées : avec une note entre 0,5 et 0,75 sur 1, l’état des habitats est « moyen » pour les Chiroptères et le Fadet des laîches sur l’un des sites. Sur un autre entièrement dédié au discret Vison d’Europe, la situation est bien meilleure avec un score de 0,88 sur 1.

Compétition de compensation

La mission est en bonne voie mais, sur le fond, la compensation ne règle pas tout. Car la loi impose la compensation seulement sur les espèces protégées. « Une telle infrastructure a eu des conséquences en surface et en profondeur. Or, il n’y a aucune compensation sur les nappes phréatiques, sur la pollution de l’air », pointe Georges Cingal, représentant de l’association environnementale Sepanso. « Les mesures compensatoires donnent bonne conscience à ceux qui commettent les destructions. Ça ne va pas réparer la balafre sur le territoire », empile son comparse Philippe Barbedienne, historiquement opposé à une autoroute qui a réduit le temps de trajet de 50 minutes entre Bordeaux et Pau.

Les services de l’État sont chargés de suivre la bonne application des mesures compensatoires dans le temps. Le dernier comité de suivi qui s’est tenu en décembre a approuvé les actions déployées par CDC Biodiversité et A’liénor. La méthode inspire. « Nous avons servi de base de travail pour d’autres structures. Tous les ans, on accueille des porteurs de projet sur nos terrains », affirme Sylvestre Gallice sans citer de nom.

Grand Paris express, LGV Sud-Ouest, A69 : tous les grandes opérations consommatrices de sols doivent désormais sécuriser des terrains pour compenser leur impact et obtenir ainsi les autorisations réglementaires. Là où les projets se concentrent, la compétition pour la compensation aussi. Les fonciers propices sont tellement prisés que certains espaces en viennent à être mis en concurrence. Le tracé du projet de LGV Bordeaux-Dax traverse par exemple les terrains de compensation de l’A65 dans les Landes. En Gironde, c’est la future usine de dirigeables de Flying Whales qui lorgne sur les réserves de biodiversité constituées par la SNCF.

Lire aussiL’usine de dirigeables de Flying Whales rattrapée par la réglementation


11 Mars 2025, 11:30

Related posts

Réforme des retraites : la capitalisation va-t-elle finir par s’imposer ?

Le « conclave » sur les retraites s’enlise, les syndicats dénoncent l’immobilisme patronal

juin 17, 2025
Programmation énergétique : les macronistes mis en échec

Programmation énergétique : les macronistes mis en échec

juin 17, 2025

Partager :

0 0 votes
Article Rating
S’abonner
Connexion
Notification pour
guest
guest
0 Comments
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
  • À la une
  • Sportive
  • Actualités
  • Politique
  • Économie

Welcome Back!

Login to your account below

Forgotten Password? Sign Up

Create New Account!

Fill the forms below to register

All fields are required. Log In

Retrieve your password

Please enter your username or email address to reset your password.

Log In

Add New Playlist

No Result
View All Result
  • العربية
  • English
  • À la une
  • Sportive
  • Actualités
  • Politique
  • Économie
  • Login
  • Sign Up
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?
wpDiscuz
0
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x
()
x
| Répondre