Une sécheresse d’une ampleur inédite frappe depuis plusieurs semaines le nord de l’Europe, du sud de l’Écosse aux plaines néerlandaises, mettant sous pression le secteur agricole au moment crucial des semis de printemps. Le déficit hydrique menace directement les rendements futurs et souligne l’urgence d’adapter les systèmes de production à des régimes climatiques de plus en plus instables.
Au Royaume-Uni, les services météorologiques confirment un printemps parmi les plus secs depuis plus de 150 ans. En Belgique, dans le nord de la France, au Danemark et aux Pays-Bas, le niveau de précipitations reste très inférieur aux normales saisonnières. Les sols sont déjà asséchés, voire poussiéreux, rendant la germination des semis extrêmement aléatoire.
Abandonner certaines variétés
« Les cultures semées — blé, orge, maïs, colza — souffrent d’un stress hydrique sévère. Leur croissance est ralentie, ce qui affectera la productivité globale si la situation persiste », alerte Nicolas Guilpart, maître de conférences à AgroParisTech.
Les agriculteurs s’adaptent comme ils peuvent : en Angleterre, Luke Abblitt, polyculteur dans l’Est, envisage d’abandonner certaines variétés pour privilégier des plantes plus résistantes à la sécheresse. En France, dans les Hauts-de-France, l’endivier Sébastien De Coninck a recours à l’irrigation pour sauver ses cultures : « Le rendement peut varier du simple au double selon qu’on irrigue ou non. »
Mais irriguer suppose des ressources. Et là aussi, les signaux sont préoccupants : dans le nord de l’Angleterre, les niveaux des réservoirs sont « exceptionnellement bas », selon l’Agence de l’environnement. En France, les nappes phréatiques sont encore pleines, mais les précipitations de surface, essentielles à la croissance végétale, manquent cruellement.
Précipitations dans le sud
Le principal syndicat d’agriculteurs britanniques (NFU) appelle à des investissements d’urgence pour équiper les exploitations de cuves de stockage et sécuriser l’accès à l’eau. En parallèle, les autorités danoises signalent que l’indice national de sécheresse atteint des niveaux jamais enregistrés aussi tôt dans l’année depuis 2005, date de création de cet indicateur.
À l’échelle européenne, la disparité climatique devient criante : tandis que le nord s’assèche, l’Espagne et le Portugal enregistrent des précipitations largement supérieures à la moyenne. Ce déséquilibre pose la question d’un nouveau zonage agricole du continent, ainsi que celle de mécanismes financiers plus adaptés pour soutenir les filières agricoles exposées à des aléas désormais structurels.
L’enjeu est majeur : l’agriculture européenne entre dans une ère où l’accès à l’eau devient un facteur de compétitivité aussi critique que les prix des intrants ou des terres.
(Avec AFP.)
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La Tribune