Dans « Toutes les vies de Théo » (P.O.L), la lauréate du prix Médicis inspecte l’ébranlement intime d’un conflit lointain. Entre tensions israélo-palestiniennes et échos dans nos vies françaises, elle signe un roman désopilant, acéré, et furieusement contemporain.
Écrire ce livre, c’était prendre un risque. Pas tant pour ce qu’il raconte que pour la manière dont il refuse toute posture, toute leçon, toute ligne partisane. Toutes les vies de Théo, le dernier roman de Nathalie Azoulai, ne cherche pas à arbitrer le réel, mais à en montrer les effets dans l’intimité des corps et des esprits.
C’est l’histoire d’un couple mixte, Théo et Léa, qui s’aime depuis vingt-cinq ans, jusqu’au jour où la violence du monde, celle du 7 octobre 2023 et ce qui s’en suit – s’invite dans leur salon, fissure leur entente et fait basculer leur lien dans une incompréhension immodérée. Théo est breton, catholique, historien de l’art, hanté par la Shoah ; Léa est juive, avocate, plus attachée à la France qu’à Israël. Leur rencontre sur un stand de tir, vingt ans plus tôt, avait quelque chose de romanesque, presque prémonitoire. Ils fondent une famille, élèvent une fille, Noémie.