Les patrons et les actionnaires des constructeurs automobiles ont eu un réveil difficile. Ce jeudi matin, vers 11 h 30, Stellantis plongeait de 3,88 % quand BMW perdait 1,92 %, Volkswagen 1,84 %, Mercedes 3,15 % et Porsche et Ferraro respectivement 4,34 % et 4,67 %. Et la vente panique des actions automobiles ne s’est pas fait ressentir qu’en Europe. Outre-Atlantique, les actions de General Motors et Tesla ont chuté de 3,12 % et 5,58 % à la clôture de Wall Street hier soir. Enfin, cette nuit, à Tokyo, Toyota a lâché 2,04 %, Mitsubishi 3,20 %, Honda 2,47 %… À Séoul, Hyundai a abandonné 4,5 %.
Des baisses soudaines et brutales dues à l’annonce de Donald Trump, mercredi soir, de nouveaux droits de douane de 25 % s’appliquant sur tous les véhicules importés aux États-Unis à partir du 2 avril.
Des constructeurs inégalement touchés
« Le président Trump a qualifié ces droits de douane de “permanents” et ils s’appliqueront non seulement aux voitures entièrement assemblées, mais aussi aux principales pièces automobiles, notamment les moteurs et les composants électriques » par exemple, commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank. Ainsi, l’équipementier français Valeo perdait 5,19 % vers 11 h 30 quand Forvia lâchait 2,59 %.
Si tous les constructeurs sont inquiets, certains sont plus exposés à la fermeture du marché américain que d’autres. Les constructeurs allemands Mercedes, BMW et l’américain General Motors « seraient les plus touchés par les droits de douane. Ford aux États-Unis et Stellantis en Europe le seraient également », tandis que « Ferrari devrait être en mesure de répercuter les hausses de droits de douane assez facilement sur sa clientèle haut de gamme et de partager le fardeau avec les concessionnaires », ont estimé les analystes de RBC Capital Markets.
À l’inverse, le géant américain des véhicules électriques Tesla « pourrait en revanche bénéficier des droits de douane, compte tenu de la production nationale et de la concurrence des importations aux États-Unis », ont-ils ajouté. Parmi les rescapés, l’action de Renault groupe montait de 0,96 % à 11 h 30, le constructeur étant moins exposé au marché américain.
Les pays producteurs d’automobiles vent debout
Au lendemain de l’annonce choc de Donald Trump, les réponses ne se sont pas fait attendre. C’est un « signal fatal pour le libre-échange », a réagi la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain.
« Une très mauvaise nouvelle » pour le ministre français de l’Économie Éric Lombard, quand le Japon a qualité l’annonce d’« extrêmement regrettable. » Les pays visés ont même rapidement montré les crocs. Éric Lombard a appelé à une riposte européenne quand le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a promis, sans précision, des mesures de rétorsion « appropriées ». Enfin, le président brésilien Lula a lui affirmé que « nous ne pouvons pas rester sans rien faire. »
Et les critiques viennent aussi des États-Unis. Il est « crucial » que les droits de douane ne fassent pas « monter les prix pour les consommateurs », ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l’association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la « compétitivité » de la production automobile « nord-américaine », intégrant donc le Canada et le Mexique. Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump, craint d’y laisser des plumes. Les nouveaux droits de douane auront un effet « non négligeable » sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, a prévenu son patron.
(Avec AFP)
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Maxime Heuze