ROB ENGELAAR / ANP MAG / ANP via AFP
Crise
Par Marianne
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C’est une drôle de crise que vit l’Allemagne : celle des asperges. Productrice historique de ce légume, l’Allemagne est concurrencée par les prix compétitifs de ses concurrents étrangers et doit faire face à une hausse du coût de sa main-d’œuvre locale. Les producteurs allemands craignent qu’une culture sur quatre ferme en 2025.
C’est la crise des asperges en Allemagne. En raison d’une hausse des importations bon marché et une hausse du coût de la main-d’œuvre locale, une ferme sur quatre devrait fermer en 2025.
Reprenons les chiffres. En 2024, l’asperge était le légume le plus cultivé du pays : 22 800 hectares soit 18 % de la surface consacrée aux légumes de plein champ. Alors que la récolte d’asperges s’élevait à 133 000 tonnes en 2018, elle est tombée à 108 000 tonnes en 2024. Bien que 85 % des asperges commercialisées en Allemagne soient issues de sa propre production, les importations sont en hausse. Pour cause, des prix compétitifs en raison d’une main-d’œuvre peu chère.
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Ainsi, selon l’Office fédéral de l’agriculture et de l’alimentation, le Mexique a exporté 3 700 tonnes d’asperges vers l’Allemagne en 2024. La Grèce a, quant à elle, atteint 4 600 tonnes de ventes et l’Espagne 5 800.
Hausse des coûts de production
Pourquoi un tel succès de ce légume en Allemagne ? Daniel Kofahl, sociologue de l’alimentation à l’Office pour la politique agricole et la culture alimentaire (APEK) explique à Euractiv : « La passion pour ce légume oblong est renforcée par le fait que l’asperge blanche est une invention spécifiquement allemande. Et la consommation d’asperges se transmet de génération en génération. »
En réaction, cette année l’Allemagne devrait augmenter sa production d’asperges vertes (actuellement 10 à 15 % de sa récolte nationale) et diminuer celle d’asperges blanches. Cette dernière est issue de la même plante mais, contrairement à l’asperge verte, ne pousse pas au contact direct du soleil. Elle est cultivée sous des monticules de terre ou de film pour bloquer la lumière, ce qui justifie à la fois sa couleur et un coût de production plus élevé. Les consommateurs, quant à eux, sont de plus en plus friands de la version plus économe.
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Outre la concurrence venue de pays européens, l’asperge est devenue récemment un symbole d’inégalité sociale : la récolte est éprouvante physiquement pour les 875 900 travailleurs de la filière (chiffres 2 024) qui doivent se pencher plusieurs heures de suite. La restriction de la réglementation du travail et la hausse du salaire minimum voulue par le nouveau gouvernement ont pour conséquence une hausse des coûts pour les producteurs allemands. Et donc, une répercussion sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
Dans de telles circonstances, le nombre de producteurs est en chute libre. À ce sujet Frank Uwihs, de la société de commerce agricole Agravis, commente auprès d’Euractiv : « Les salaires ont augmenté, les gens deviennent plus économes. L’asperge est considérée comme un produit de luxe. » Autrefois réservée à la bourgeoisie, l’asperge blanche se raréfie d’année en année.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne