Le Livret A n’a pas eu la cote auprès des Français en avril. Les détenteurs de ce produit d’épargne ont préféré piocher dedans plutôt que de le renflouer. Le montant total des retraits a ainsi dépassé celui des dépôts de 200 millions d’euros, selon les données publiées ce jeudi par la Caisse des dépôts (CDC). Cette « décollecte nette » est inédite par son montant depuis 2009, année de la généralisation de la distribution du Livret A à toutes les banques. Seul le mois d’avril 2015 avait déjà vu les retraits dépasser les dépôts, de 100 millions d’euros.
À l’inverse, les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) se sont un peu garnis le mois dernier, avec une collecte nette de 310 millions d’euros. Sur les quatre premiers mois de l’année, le cumul des montants collectés par les banques pour le Livret A et LDDS s’élève à 3,6 milliards d’euros. Très loin, des 11,3 milliards d’euros sur la période entre janvier et avril 2024.
En dépit de ce ralentissement de la collecte, les encours pour ces deux livrets évoluent toujours autour de leurs plus hauts historiques. À 444 milliards d’euros pour le Livret A et 162,7 milliards d’euros pour le LDDS, soit 606,7 milliards d’euros au total, un record.
Quant au Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, il a lui aussi connu son pire mois d’avril depuis 2009. La décollecte a été forte : 1,96 milliard d’euros. À titre de comparaison, en avril 2024, la décollecte avait été de seulement 270 millions d’euros.
Le Livret A pâtit en grande partie de la baisse de sa rémunération. Il s’affiche
depuis le 1er février dernier à 2,4 %, contre 3 % auparavant – il en est de même
pour le LDDS. Ce recul le rend forcément moins attractif aux yeux des épargnants.
D’autant que le taux de rémunération affiché ne correspond pas à ce que perçoivent les ménages. Pour connaître le rendement réel du Livret A, il faut prendre en compte un paramètre essentiel : l’inflation. Par exemple, sur toute l’année 2024, le taux de rémunération du Livret A était de 3 %. L’inflation, de son côté, s’est élevée à 2 %. Soit un rendement réel de seulement 1 %.
Et si la hausse des prix est plus forte que le taux de rémunération, le rendement réel du produit d’épargne peut même être négatif.