Avec seulement 269 000 projets de recrutements en 2025, la Nouvelle-Aquitaine est renvoyée six ans en arrière, un peu au-dessus du niveau de 2019. Sur un an, la chute est marquée avec une baisse de -14 %, contre -12,5 % au niveau national. Cela correspond à 44 000 intentions d’embauche en moins dans la région, selon l’enquête Besoin de main d’œuvre publiée par France Travail, ce 11 avril (1), mais réalisée avant la tempête économique déclenchée par le retour de Donald Trump à la Maison blanche.
Une baisse généralisée
Et cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle est à l’œuvre dans tous les secteurs d’activités, à commencer par la construction (-23 %), l’industrie (-16 %) et l’agriculture (-15 %), tandis que les services, qui pèsent 60 % du total, limitent la casse à -12 %. La dépression est également valable dans tous les départements de la région et le choc est particulièrement rude en Gironde (-21 %), qui est pourtant l’habituel moteur économique régional.
« La Gironde souffre de la mauvaise santé de la construction, de l’hôtellerie restauration et de l’emploi cadre qui y sont proportionnellement plus représentés », explique Alain Mauny, le directeur régional de France Travail. « Mais je reste optimise, cette baisse intervient après la forte reprise économique à la sortie de la crise sanitaire et nous avons en ce moment même 106 000 offres d’emploi à pourvoir dans la région ! »
Néanmoins, avant même la tempête commerciale qui secoue le commerce international, la baisse concerne les trois-quarts des 217 métiers recensés par France Travail dans cette enquête. Conséquence logique, ce mouvement se traduit aussi par une nette diminution des entreprises régionales exprimant des difficultés de recrutement : elles ne sont plus que 57 % en 2025 contre 66 % l’an dernier et un pic de 70 % en 2023.
Les métiers qui recrutent le plus
En dehors des emplois saisonniers très majoritaires dans l’agriculture, la viticulture et la restauration, les plus gros volumes d’emploi à pourvoir se trouvent dans les agents d’entretien, les aides-soignants, les aides à domicile et les infirmiers et sage-femmes. Du côté des postes les plus compliqués à pourvoir, on trouve les chauffeurs de bus et tramways, les couvreurs, les préparateurs médicaux, aides à domicile, les médecins et les maçons.
Quant à l’emploi cadre, la tendance de l’enquête 2025 de l’Apec n’est en effet guère plus réjouissante. La Nouvelle-Aquitaine accuse une baisse de -12 % des recrutements de cadres réalisés en 2024, contre une tendance de -8 % à l’échelle nationale, ce qui revient au niveau de 2021. Pour les douze mois qui viennent, le ciel s’éclaircit un peu puisque les prévisions sont à l’étale avec 12 900 recrutements prévus (+0 %) contre une prévision de -4 % France entière. « La Nouvelle-Aquitaine pâtit du poids du bâtiment, de l’industrie et des services marchands qui recrutent moins que les secteurs tels que l’informatique et la R&D », souligne l’Apec.
(1) Menée depuis 25 ans, l’enquête BMO a été réalisée par France Travail en octobre et novembre 2024 auprès de 171 000 entreprises de Nouvelle-Aquitaine dont plus de 40 000 ont répondu sur leurs intentions de recrutement pour l’année 2025.