Alessia Giuliani / CPP
Généalogie papale
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La grand-mère paternelle du nouveau pape est née au Havre (Seine-Maritime) en 1894. Ses deux parents, les arrière-grands-parents de Léon XIV, étaient tous les deux normands et pâtissiers. Le Pape Léon XIV compte aussi plusieurs ancêtres français via sa mère dont la famille avait fait souche en Louisiane. Et très probablement via son grand-père paternel né en Italie. Cocorico !
Quand le « pape de la généalogie » et journaliste, Jean-Louis Beaucarnot, a vu le nom de famille indubitablement français du nouveau pape, Robert Francis Prevost, son sang n’a fait qu’un tour. Juste après cette élection, il s’est précipité sur les multiples sites de généalogie auxquels il est abonné pour en savoir plus : « jeudi 8 mai, à 18 h 30, il n’y avait strictement aucune information sur ses origines. Une heure après, un arbre généalogique était dressé, à deux heures du matin, j’en comptais cinq. Et ce matin, j’en compte trente-cinq. Toute la communauté de généalogistes s’est mise en branle », s’amuse-t-il auprès de Marianne, encore sonné par la nuit blanche qu’il vient de passer à décrypter de vieux actes de naissance, de décès et de mariage dans plusieurs langues. Les Français sont d’autant plus motivés, note-t-il que tous nos actes sont très largement numérisés et ordonnés contrairement à l’Italie, par exemple. Et que la France est « pionnière en la matière ».
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Des origines principalement franco-italiennes
Le nouveau pape, Léon XIV (Robert Francis Prevost) né le 14 septembre 1955 à Chicago, est le fils de Louis Marius Prevost, lieutenant de vaisseau de l’US Navy et directeur d’une école primaire, et de Mildred Martínez, bibliothécaire dans différentes institutions religieuses et scolaires de la banlieue de Chicago. Ses deux parents étaient musiciens et très investis dans la vie paroissiale locale. Il est d’ascendance française et italienne par son père. D’ascendance espagnole, créole louisianaise, haïtienne et française également, par sa mère. « Ce sont des origines assez atypiques pour un américain qui compte habituellement de nombreux ancêtres anglais et irlandais parmi ses ancêtres. Là, on n’en trouve aucun », note Jean-Louis Beaucarnot qui a tout fouillé pour la revue française de généalogie.
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Côté paternel. Le grand-père paternel du pape se nommait Jean Centi ou Lanti Prevost. Professeur de langues romanes dans l’Illinois, il est décédé en 1960 en Illinois mais était né en Italie en 1876, fils d’un certain Giovanni, né vers 1850. Il s’agit d’ancêtres nés italiens, mais qui ont des racines françaises. Le nom de famille Prévost ou Prevost est un nom français que l’on trouve encore aujourd’hui beaucoup en Normandie ou encore dans le Sud-Ouest. Il désigne un officier de justice. « Nous manquons de sources généalogiques italiennes pour remonter plus loin pour le moment, faute de numérisation », souligne Jean-Louis Beaucarnot.
Une grand-mère française, fille de pâtissiers normands
La grand-mère paternelle, décédée en 1979 à Detroit, qui se nommait Suzanne Fontaine, était une Française, née en 1894 au Havre. Un arbre généalogique mis en ligne sur Geneanet par le petit-neveu de cette aïeule, Christian Fontaine permet d’en connaître le moindre détail. Un généalogiste américain fait savoir qu’elle n’était pas mariée et pourtant probablement enceinte lorsqu’elle a émigré en Amérique en 1917. Aurait-elle fêté Pâques avant les rameaux ? Aurait-elle fui en Amérique pour cacher son état de grossesse ? Tous les fantasmes sont permis… Cette Française était pourtant très religieuse, « c’était une sorte de carmélite civile », assure Beaucarnot.
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Cet arbre qui parvient à remonter jusqu’au début du XVIIIe siècle démontre que cette grand-mère de Léon XIV est la fille d’un couple de pâtissiers du Havre. Le père de Suzanne, Ernest Fontaine, avait ses racines dans Le Calvados. On trouve aussi quelques origines dans La Manche et l’Orne. La mère de Suzanne Fontaine, Eugénie Prévost, née à Paris est la fille d’un Normand du pays de Caux et d’une Berrichonne. Le Prevost italien et cette Prévost normande ont-ils un lien de cousinage ? « On peut supposer effectivement que ce n’est pas un hasard et que derrière cette union franco-italienne entre une Fontaine et un Prevost se cache un cousinage éloigné », répond Jean-Louis Beaucarnot qui entend vérifier cette hypothèse.
Une branche louisianaise
Côté maternel. Le grand-père maternel, Joseph Nerval Martinez, né à la Nouvelle-Orléans, en 1864, était le fils d’un couple de mulâtres : Jacques Martinez et Marie Rose Ramos, elle fille d’un épicier de la ville, avec à la fois des ancêtres à Cuba et en France, par un aïeul, Pierre Guesnon, né à Coutances, vers 1719. La grand-mère maternelle, Louise Bacquié, née elle aussi à la Nouvelle-Orléans, était la fille d’un cordonnier et d’une mulâtre, cette dernière étant la descendante d’un soldat français nommé François Lemelle. De ce côté de la famille papale, on trouve des origines dans la Marne, Paris, l’Ille-et-Vilaine et le Pas de Calais. Mais aussi en Guadeloupe, dans le Béarn, à Marseille, Monaco et Menton. Bon, il faut remonter au XVIIe siècle… Cette généalogie maternelle fait de Léon XIV le premier pape avec une ascendance africaine depuis le cinquième siècle.
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Si on examine le moindre rameau de cousinage éloigné, comme Jean-Louis Beaucarnot, le nouveau pape est apparenté à la fois à Catherine Deneuve, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Albert Camus, Jean-Claude Gaudin, Edmond Rostand, Nadine Trintignant et même quelques têtes couronnées avec des rois d’Angleterre, de Navarre et de Castille et d’Hugues Capet et donc de Charlemagne. Comme nous tous !
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne