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Tribune
Par Unité laïque
Publié le
L’association Unité Laïque exprime son indignation et la honte que suscite à ses yeux, le vote des députés LFI – qui se sont tous opposés à la libération immédiate de Boualem Sansal –, un geste qu’il considère non seulement comme une insulte pour la gauche, mais aussi, comme une atteinte aux principes fondamentaux d’un pays démocratique comme la France.
Comme pour Le Monde période Plenel, il a suffi d’un livre bien fait pour que les masques tombent. LFI est une « Meute », inquiétante, agressive et sauvage, à des années-lumière de l’idéal démocratique. Mais ouvrir les yeux ne suffit pas. Le mal est profond. Le malaise n’est pas dissipé. Il vire même une fois de plus à la honte.
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Ce 7 mai, l’Assemblée nationale s’est honorée en votant une motion exigeant la libération immédiate à l’écrivain Boualem Sansal, détenu arbitrairement dans les geôles du pouvoir en Algérie depuis bientôt six mois. Pouvoir prévaricateur et autoritaire qui cherche à éviter la colère de son propre peuple en présentant tous les pays – la France en particulier – comme des ennemis de l’Algérie.
Le vote de la Meute Boualem Sansal
Les députés de la Meute ont bien sûr voté comme un seul homme contre cette motion. Ils expliquent même depuis, dans un communiqué pathétique qu’en fait c’est parce qu’ils se soucient vraiment de l’écrivain… La honte s’abat sur notre pays de compter en son sein des hommes et des femmes qui ne corrompent plus seulement l’idée de gauche, mais bien ce qui rassemble les Français.
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La France a censuré par le passé des écrivains coupables de penser autrement que le pouvoir. Mais depuis de très longues années, ce qui a donné à notre pays son éclat, c’est bien cette capacité à protéger, même imparfaitement, la vie intellectuelle sous toutes ses formes. Au moins savions-nous faire front pour défendre ces hommes et ces femmes injustement emprisonnés et souvent menacés de mort.
Le vote de la Meute n’est pas seulement une insulte à la gauche, il est une insulte au pays. Il dit de nous qu’il se trouve des parlementaires qui sont capables de poignarder dans le dos un écrivain qui s’est réfugié dans notre pays, en a obtenu la nationalité et qui n’a pour seule arme que ses mots. Il dit de nous, qui nous glorifions d’être les défenseurs des droits de l’homme, que ceux-ci seraient à géométrie variable, selon que l’on vive en démocratie ou embastillé par un pouvoir dictatorial et crapuleux. Ce vote dit qu’en 2025, il se trouve encore des femmes et des hommes politiques français qui considèrent que la démocratie doit capituler devant l’arbitraire, la force et la dictature.
Malaise et honte
C’est une partie de nous-mêmes que ce vote abîme et salit, non que nous en soyons responsables, mais parce qu’il démontre que l’esprit de Munich est toujours là. Contemplez cette faiblesse face aux forts en gueule, cette attirance maladive pour la sauvagerie et la brutalité, cette cécité face à la violence d’État pourtant systématiquement dénoncée jusqu’au dégoût quand la Meute parle de la France, l’un des pays les plus démocratiques du monde…
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Il s’agit du vote de représentants de la nation qui ne cessent de se draper de cette même morale qu’ils ont saccagée et piétinée hier. Au malaise succède la honte.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne