Un budget introuvable : 40 milliards d’économie, c’est la somme que recherche désespérément François Bayrou pour boucler le prochain budget. Cette somme en soi importante paraît dérisoire au regard des quelque 440 milliards dépensés cette année pour faire fonctionner l’État et des 600 milliards nécessaires pour couvrir les dépenses de la Sécurité sociale. Tous, politiques comme citoyens, sont d’accord pour réaliser des économies et enrayer la spirale de la dette… mais divergent sur les solutions, se perdent en polémiques et atermoiements.
Pour paraphraser la formule célèbre de Jean-Paul Sartre, « L’effort, c’est les autres ». Pour les uns, il suffit d’augmenter les impôts en se tournant vers les autres catégories sociales ! Beaucoup veulent tailler dans les dépenses à condition de ne pas être concernés par ces sacrifices. À commencer par les collectivités locales, qui n’en ont jamais assez.
Bref, c’est toujours un tiers qui doit être payeur ! Les conflits corporatistes qu’illustrent parfaitement les manifestations de chauffeurs de taxi refusant une économie de 300 millions sur les dépenses de transports sanitaires - en pleine explosion - attestent des difficultés à dépasser les égoïsmes.
Les partis politiques ne sont pas pour rien dans ces blocages : la gauche ne rêve que d’augmenter les impôts des riches et la droite refuse tout changement de paradigme. Quant à l’extrême droite, qui prétend au gouvernement de la France, elle esquive les réalités déplaisantes (notamment sur le financement des retraites) et s’enferme dans des postures démagogiques. Chaque camp se renvoie la balle et préfère les contes budgétaires aux mécomptes auxquels s’expose la nation.
Les agences de notation menacent depuis des mois la France d’une dégradation de sa note - elle vient encore d’échapper de peu à la sanction de S&P et conserve son double AA - tandis que les députés rejouent à l’infini le psychodrame budgétaire. Le Premier ministre s’échine à alerter l’opinion sur le mur budgétaire contre lequel risque de se fracasser l’économie française.
Son discours brouillon - avec une valse-hésitation sur les mesures douloureuses à prendre - n’aide pas à cette prise de conscience chez nos compatriotes, qui croient pour beaucoup au caractère magique de l’argent public. L’idée d’un référendum sur le budget brandie par François Bayrou n’a guère convaincu, à commencer par le président de la République.
Emmanuel Macron n’est d’ailleurs pas pour rien dans cette dégradation effarante des comptes du pays. Après le Covid, il a maintenu la France sous perfusion d’argent public (les fameux chèques essence et énergie). Résultat : l’endettement culmine à 3 000 milliards dont 1 000 rien que pour les années Macron !
Hélas, en 2025, la fête est finie. La dette est presque hors de contrôle - la Cour des comptes vient de pointer la grave dérive des comptes de la Sécu. Nous
ne pourrons pas être éternellement ces Damoclès qui ont oublié l’épée suspendue au-dessus de leur tête. On dit que c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens… à condition que les organisateurs aient fait payer leur ticket d’entrée aux participants !
Puissent les Français ne pas être les musiciens du bal des illusions perdues. Nos concitoyens ne doivent pas perdre de vue la générosité de l’État. Richelieu, dès le XVIIe siècle, constatait que « perdre bientôt la mémoire […] est le vice des Français ».
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