La crise du logement est l’un des principaux échecs d’Emmanuel Macron. À force d’en nier la réalité et de prendre des mesures fiscales et réglementaires contre-productives, les pouvoirs publics l’ont laissé prospérer au point de provoquer une pénurie d’offre telle que, chacun peut en faire l’expérience, il n’a jamais été aussi difficile de se loger en France depuis sans doute la grande crise des années cinquante.
En particulier pour les jeunes actifs dans les grandes métropoles, qui payent deux fois la retraite de leurs aînés, par leurs cotisations sociales et à travers les loyers puisque nombre de retraités sont aussi multipropriétaires. Les jeunes eux sont devenus des exclus de l’accès à la propriété.
Depuis trois ans, la hausse des taux d’intérêt la plus brutale de l’histoire récente combinée avec une politique systématique de suppression des aides à la pierre a fait s’effondrer comme un château de cartes les grands équilibres du marché immobilier. Plongeon des ventes dans l’ancien, à 750 000 transactions, effondrement du marché du neuf qui a mis le feu chez les grands promoteurs, blocage du marché locatif aggravé par l’échec de la politique de rénovation énergétique, impact massif des locations touristiques que les villes ont trop tardé à combattre.
Autrefois vaches à lait des finances locales, les recettes fiscales des transactions immobilières se sont tellement effondrées que la dernière loi de finances autorise les départements à augmenter les « frais de notaires », sauf heureusement pour les primo-accédants. Jamais l’investissement privé dans l’immobilier n’a autant été découragé, la France étant l’un des pays qui taxe le plus la détention et la transaction immobilière.
La bonne nouvelle, dans ce sombre spectacle, est que les Français continuent de rêver d’être propriétaires.
La nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, dit avoir conscience de cette situation. Mais elle ne dispose de presque aucun levier pour agir à la mesure du problème. Tant que la classe politique considérera l’immobilier comme une rente et non
un actif à valoriser, aucune solution durable ne sera apportée.
La baisse des taux d’intérêt, qui atteint un plancher autour de 3 % et le recul des prix encore beaucoup trop élevés ne seront pas suffisants pour résoudre une crise devenue structurelle. Le plus dur est donc encore devant nous, alors que le marché va connaître le choc de la pénurie de construction neuve dans les prochaines années. C’est un réel problème car la mobilité résidentielle est indispensable à l’objectif de plein-emploi.
La bonne nouvelle, dans ce sombre spectacle, est que les Français continuent de rêver d’être propriétaires, même si seulement moins de 57 % d’entre eux le sont, dont 38 % sans emprunt bancaire à rembourser. Pour préparer sa retraite, pour disposer d’un refuge en temps de crise, bien se loger demeure le projet d’une vie. Et sous les pavés de la crise émergent de nouvelles tendances, comme l’habitat participatif ou intergénérationnel tandis que le télétravail accélère la réversibilité de bureaux en logements.
Bref, il y a des pistes nouvelles pour habiter autrement en tenant compte des évolutions de la société. Il est temps de les encourager si l’on veut concilier en même temps les impératifs écologiques et les besoins sociaux.
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