Investir en des temps agités, c’est le lot commun de tous les épargnants depuis le début de la nouvelle présidence Trump. À tous ceux qui pressentaient que ce second mandat annoncerait une nouvelle ère pour le monde, le président américain a apporté une confirmation éclatante, tant par le caractère imprévisible de ses décisions que par la brutalité de ses actions.
À une courte phase d’euphorie, au cours de laquelle les marchés ont cru au « Trump Trade » et au retour d’un âge d’or pour l’Amérique, a succédé une période de turbulences inédites dont l’attitude erratique de Donald Trump est la principale cause, inoculant un virus dans le fonctionnement de l’économie mondiale, une sorte de nouvelle crise des subprimes, mais d’origine exclusivement politique…
Les marchés ont perdu foi en une Amérique gouvernée par un président aussi irrationnel et les investisseurs se sont remis à regarder l’Europe avec des yeux de Chimène. Averti du danger par ses amis milliardaires de Wall Street, Trump a vite compris que sa politique menaçait de se retourner en boomerang contre les États-Unis eux-mêmes et il a décrété une pause de 90 jours dans les extravagants droits de douane imposés au reste du monde.
On en est là un peu plus de cent jours après la prise de fonction du président américain, et les dégâts potentiels de sa folle politique commerciale sont désormais bien assimilés. Mais le crédit de l’Amérique est durablement atteint, ce qui a pour conséquence de faire remonter les taux d’intérêt et d’affaiblir le statut du dollar comme monnaie refuge mondiale. Et chacun se demande comment Donald Trump va se sortir dans les cent prochains jours de l’impasse dans laquelle il s’est enfermé.
Les plus optimistes comparent la volte-face du président américain avec le tournant du début des années Mitterrand, en 1983, lorsque le président socialiste français avait rencontré le mur de l’argent et entamé sa mue vers le réalisme économique. La britannique Lizz Truss a fait la même expérience amère du pouvoir des marchés financiers, qui ont mis fin en quelques semaines à sa tentative de s’en affranchir.
Donald Trump est en train de découvrir à son tour sa relative impuissance à agir en ignorant les complexités d’une mondialisation où tout le monde dépend de tout le monde. Même s’il parvient en façade à le présenter comme une victoire, le récent accord passé avec la Chine sonne plutôt comme une capitulation.
Le temps des marchés financiers est ainsi comme suspendu à la façon dont la nouvelle administration américaine va retomber sur ses pieds après avoir conduit le monde à hue et à dia. Le pire n’étant pas certain, on peut encore espérer que Donald Trump, dans sa grande négociation avec le reste du monde, finisse par renoncer à ses vieilles lunes protectionnistes et rouvre la voie du libre-échange. Les marchés semblent y croire, ayant pratiquement effacé toutes les pertes du « Trump krach » de ce printemps. Une chose semble sûre, l’été aussi sera chaud sur les marchés…
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Philippe Mabille, directeur éditorial