Jamais un président américain n’a été entouré de personnes aussi fortunées. Jamais n’a-t-il semblé défendre autant leurs intérêts personnels. Les cas sont tellement nombreux qu’on ne sait par où commencer : le mois dernier, son administration a licencié des fonctionnaires chargés de réglementer les voitures autonomes – une technologie que le milliardaire Elon Musk considère comme « l’avenir de Tesla ».
L’agence fédérale qui les employait (NHTSA) présente de sérieuses menaces pour la marque automobile : elle est en train de mener huit enquêtes à son sujet, et a déjà retardé la mise en œuvre de son logiciel de conduite autonome. Elon Musk s’en est pris à deux autres agences qui réglementent l’aviation et les communications et contrarient grandement les ambitions de SpaceX, son autre pépite. La seconde a notamment fait barrage à l’utilisation de ses satellites Starlink dans les régions américaines les plus reculées. Conséquence : des « Doge kids » – ces jeunes salariés au service d’Elon Musk – ont intégré l’agence cette semaine pour voir quels postes ils pourraient supprimer.
Conflits d’intérêts à la Maison Blanche
Et que dire du futur patron de la Nasa Jared Isaacman, un milliardaire qui veut réduire les ambitions américaines vers la Lune pour les recentrer sur Mars ? Son audition cette semaine au Sénat a confirmé qu’il était actionnaire de SpaceX, à hauteur de plusieurs millions de dollars. Or, c’est SpaceX qui est à la pointe des futures expéditions martiennes. À la question de savoir si Elon Musk était dans le Bureau ovale quand Donald Trump lui a proposé le poste, il n’a pas répondu. Le conflit d’intérêts aurait certainement semblé trop flagrant.
Le président américain a pris part à la plus grande manipulation de marché de l’Histoire.
Du conflit d’intérêts au délit d’initié, il y a un pas que le président américain n’a visiblement aucun scrupule à franchir. Mercredi, il a exhorté sa base à acheter des actions en Bourse. « C’est un moment génial pour acheter !!! » a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Quelques heures après, il annonçait la suspension des taxes douanières pour près de 185 pays et territoires, et faisait flamber les marchés du monde entier. Ceux qui ont suivi ses conseils ont collectivement gagné des centaines de milliards de dollars.
Donald Trump, bandit irrépréhensible ?
Combien de ses proches étaient au courant de ses intentions ? Combien le président a-t-il gagné lui-même dans cette opération, lui qui détient des millions de dollars d’actifs boursiers ? « Le président américain a pris part à la plus grande manipulation de marché de l’Histoire », ont dénoncé les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants.
Désireux de faire prospérer son empire financier, Donald Trump a même lancé une cryptomonnaie à son effigie, juste avant d’entrer à la Maison-Blanche. Valorisée plusieurs milliards de dollars, elle est d’autant plus prometteuse que le président s’est donné pour mission de déréglementer le secteur. Un conflit d’intérêts notoire, qui ne sera certainement pas dénoncé par les juges : la loi américaine est ainsi faite que les présidents y échappent largement !
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Par Lucie Robequain