Le réarmement de l’Europe semble avoir commencé. Ce jeudi, le géant italien de l’aéronautique et de la défense Leonardo a annoncé avoir signé un protocole d’accord prévoyant la création d’une coentreprise de production de drones avec le groupe turc Baykar, spécialiste dans la fabrication des drones.
Cette nouvelle entreprise, dont le siège sera en Italie, a pour objet « la conception, le développement, la production et la maintenance de systèmes d’aéronefs sans pilote », les UAV (Unmanned Aerial Vehicle), précise Leonardo dans un communiqué.
« Il est prévu que le marché européen, comprenant les aéronefs de chasse sans pilote, les drones armés de surveillance et les drones d’attaque, atteindra les 100 milliards de dollars américains au cours des dix prochaines années », selon la même source.
La défense dopée par la guerre en Ukraine
Les commandes de l’industrie de l’armement se sont multipliées en raison de la hausse des budgets de défense en Europe, dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
Leonardo et un autre géant du secteur de l’armement, le groupe allemand Rheinmetall, ont ainsi scellé en octobre une coentreprise visant à fournir à l’armée italienne des chars d’assaut et des véhicules de combat d’infanterie.
Le groupe italien fait en outre partie d’une coentreprise avec le britannique BAE Systems et le japonais JAIEC — créé notamment par Mitsubishi Heavy Industries —, qui compte développer d’ici 2035 un avion de combat supersonique. Baykar est pour sa part un géant mondial dans la production de divers types de drones.
Leonardo s’envole en Bourse
Toutes ces annonces ont fait s’envoler le cours de l’action Leonardo de 57 % sur un mois. Les marchés d’actions sont stimulés par « le fameux “wake up call européen” tant attendu après les annonces “conjointes” de relance (potentielle) de l’Union européenne et de l’Allemagne », estime John Plassard, spécialiste de l’investissement pour le fonds Mirabaud.
Et pour cause, dans un contexte géopolitique totalement chamboulé, la Commission européenne a dévoilé un plan pour « réarmer l’Europe » visant à mobiliser quelque 800 milliards d’euros. En parallèle, l’Allemagne a plaidé à Bruxelles pour une réforme des règles budgétaires de l’Union européenne afin de pouvoir augmenter les dépenses militaires dans le contexte du désengagement américain en Europe, a appris l’AFP mercredi de sources diplomatiques.
Berlin a d’ailleurs pris, mardi soir, un virage encore impensable il y a peu en annonçant que l’Allemagne allait débloquer des centaines de milliards d’euros pour son réarmement, un changement majeur impulsé par le futur chancelier Friedrich Merz, en pleine tempête géopolitique provoquée par le rapprochement de Donald Trump avec la Russie.
(Avec AFP)
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