Les Etats-Unis ne quitteront ni banque mondiale ni le Fonds monétaire international (FMI), d’après les propos du secrétaire du trésor américain, Scott Bessent. Un soulagement, certes, mais de courte durée, puisque « simultanément, le président Trump a décidé de suspendre tout financement américain à l’égard de la banque africaine de développement », déplore Benoit Chervalier, vice-président Afrique du MEDEF International et président Afrique Business Europe de retour des réunions Banque mondiale/FMI qui se sont tenues Outre-Atlantique. Et le continent africain de ne pas faire exception,le gouvernement américain ayant supprimé subitement la quasi-totalité des projets soutenus par l’agence américaine pour le développement international (USAID). Et comme tant d’autres sur la liste, certains pays comme Madagascar ou le Botswana se sont même vus initialement menacés de droits de douanes de près de 50%, alors « qu’on ne peut pas dire que ces pays représentent un risque majeur pour la balance commerciale américaine ».
« Des réformes et des risques à prendre »
Ainsi, le continent africain doit réagir. Et d’abord sur son propre territoire. « Il faut que les pays africains comptent d’abord sur eux-mêmes », analyse Benoit Chervalier, ce qui implique de « revoir de manière fondamentale tous les paradigmes. Il va y avoir un certain nombre de réformes, de risques à prendre ». Mais c’est sûrement avec l’Europe que l’Afrique à une carte à jouer, et inversement. Avec, en guise de passerelle, la Méditerranée. Une dynamique qui doit, cependant, être accompagnée et guidée, tant pour les entrepreneurs français allant s’installer sur le continent africain et les entrepreneurs africains s’implantant en France, que les partenariats. « Les niveaux économiques ne sont pas les mêmes, ni les règles. On a besoin de structure. Les chambres de commerce sont là pour ça : décoder, favoriser, expliquer. Les entrepreneurs parlent la même langue : celle du business », souligne Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence et vice-président de la chambre de commerce franco-arabe.
Co-construction et accompagnement
Pour accélérer cette action entre les deux continents, Claudia Gaudiau-Francisco, présidente de la CCI France Maroc qui compte 3.800 adhérents, compte sur la co-construction : « créer ensemble quelque chose d’exportable », faire en sorte que « l’expertise soit commune ». Avec un projet qui pourrait en devenir l’exemple symbolique, celui de la Coupe du monde de football 2030, qui se tiendra en partie au Maroc, une « vraie opportunité à saisir pour toute l’Europe », selon Claudia Gaudiau-Francisco.
Une idée de propulsion des partenariats qui pourrait être complétée par les trois propositions que porte Jean-Luc Chauvin : un programme d’accompagnement capable de créer des « entrepreneurs méditerranéens », un campus incubateur pour les jeunes porteurs de projet, et la possibilité d’obtenir un visa pour motif économique et ainsi faciliter la création de liens par-delà les frontières.
Changement d’échelle
Mais le continent africain est une zone géographique très diversifiée, où la fragmentation des économies joue un rôle prédominant puisque 7 des 54 pays qui constituent le continent africain détiennent 70% du PIB. Le vice-président Afrique du MEDEF International insiste alors sur un changement d’échelle « à l’Afrique méditerranéenne », notamment en matière de financement. « L’épargne africaine doit prendre davantage de risques, et l’épargne européenne, au lieu de financer des bonds du déficit américain, doit davantage se financer elle-même, en Europe, et prendre des risques par des investissements sur des fonds sectoriels, par exemple ».