C’est la huitième fois en un an. La Banque centrale européenne (BCE) baisse de nouveau son taux directeur ce jeudi, naviguant en pleine incertitude face aux menaces de droits de douane de Donald Trump, et à leurs répercussions sur l’inflation et la croissance de la zone euro.
Le taux de dépôt, principal instrument de référence, a donc été diminué d’un quart de point à 2,0 %. Un niveau que l’institution présidée par Christine Lagarde ne juge plus pénalisant pour l’économie.
Baisse de l’inflation toujours en bonne marche
Cette septième baisse d’affilée depuis septembre dernier intervient alors que « l’inflation se situe actuellement autour de l’objectif » de 2 % de la BCE, a souligné cette dernière ce jeudi. Les inquiétudes se sont déplacées vers la faiblesse persistante de l’activité économique dans les vingt pays de la zone euro, où l’atonie de la demande pourrait avoir des effets déflationnistes.
« L’incertitude autour des politiques commerciales » freinera à court terme l’investissement et les exportations, mais la hausse des investissements publics et la solidité du marché du travail soutiendront la croissance et la consommation, « rendant l’économie plus résistante face aux chocs mondiaux », a expliqué la BCE.
Effet Trump
Le principal « choc » vient du président américain Donald Trump, qui ne cesse de s’emporter contre l’important excédent commercial envers les États-Unis, et maintient une forte incertitude quant à l’ampleur du choc à venir. Son ultimatum sur des taxes de 50 % visant les produits européens expire le 9 juillet.
Washington a déjà relevé mercredi à 50 % les droits de douane sur l’acier et l’aluminium du Vieux Continent. Une mesure « fortement » regrettée par le commissaire européen Maros Sefcovic, qui estime qu’elle complique les négociations en cours entre les deux blocs.
Pause ou continuité ?
Quand pourraient intervenir les prochaines baisses ? Si une partie des analystes pensent que la BCE va continuer à baisser ses taux sans discontinuer tout au long de l’année, d’autres pensent que l’institution marquera une pause. C’est le cas de David Zahn, responsable de la gestion obligataire européenne chez Franklin Templeton « une pause est très probable cet été. Le temps pour la BCE d’évaluer les risques liés au commerce et la résilience de la demande intérieure. » Il ajoute : « À plus long terme, le rééquilibrage budgétaire et les vents contraires extérieurs orienteront les perspectives vers une position plus neutre. »
« Compte tenu, singulièrement, du contexte actuel d’incertitudes exceptionnelles », la BCE affirme toujours la même stratégie : réagir en fonction des « données », « réunion par réunion », a-t-elle noté dans un communiqué. Les données collectées depuis sa dernière réunion d’avril ont conforté les décisions annoncées jeudi : l’inflation est retombée à 1,9 % en mai dans la zone euro, en net ralentissement et sous la cible de 2 % visée par la BCE.
Ce recul s’explique notamment par la baisse des prix de l’énergie, mais même hors énergie et autres prix volatils de l’alimentation, l’inflation sous-jacente a également ralenti, à 2,3 % sur un an en mai, contre 2,7 % en avril. La BCE a aussi relevé que la progression des salaires « reste forte, mais continue de s’atténuer sensiblement », éloignant les craintes d’effets de « second tour » sur les prix.
(Avec AFP)
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