Mandy, 30 ans, dans l’événementiel : “Chaque mois, j’essaie de mettre 500 euros de côté”

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Mandy, 30 ans, dans l’événementiel : “Chaque mois, j’essaie de mettre 500 euros de côté”





















« J’ai vraiment constaté une différence entre ce que je pouvais épargner avant et après le Covid. C’était le jour et la nuit », confie Mandy qui travaillait pour un traiteur avant la crise sanitaire.
Mahka Eslami / Hans Lucas

Mes petites économies

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Salariée dans une boîte d’événementiel, Mandy gagne 2 040 euros net par mois, pour un loyer de 620 euros. Après des années professionnelles plombées par la crise sanitaire et une expérience difficile en auto-entreprise, la jeune trentenaire ressort doucement la tête de l’eau. Elle raconte à « Marianne » ses tentatives d’épargne et son « angoisse d’aller consulter son compte bancaire ». Bref, ses petites économies.

Salariée dans une boîte d’événementiel depuis un an, je gagne actuellement 2 040 euros net par mois. Le loyer de mon appartement, un 20 m2 situé à Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne, me coûte 620 euros. À cela, il faut ajouter 85 euros d’électricité. Chaque mois, je dois aussi payer une assurance habitation de 32 euros, un abonnement Internet de 43 euros et un passe Navigo de 88 euros pour me déplacer. Je fais environ 300 euros de courses pour tenir le mois. Sur mon compte épargne, j’ai actuellement 1 800 euros de côté. Depuis peu, j’essaye d’y déposer 500 euros après avoir touché ma paie mensuelle. L’objectif ? M’acheter une voiture d’ici la fin de l’été afin de me rendre au travail plus facilement.

Mon boulot est situé à une vingtaine de kilomètres de chez moi mais c’est assez mal desservi, ce qui m’oblige à passer plus de deux heures chaque jour dans les transports en commun. Je suis commerciale dans l’événementiel à Chessy, près de Disney (Seine-et-Marne). J’ai décroché un poste en CDI en mai 2024 dans une boîte qui loue du mobilier de design pour de gros événements, notamment sportifs – Roland Garros, Grand prix de Monaco, 24 heures du Mans, Tour de France… Je m’occupe de prospecter pour trouver de nouveaux clients.

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7 000 euros d’épargne ?

Quand j’ai été embauchée l’année dernière, j’ai démarré avec un salaire mensuel de 1 775 euros. Mais on m’a augmentée deux fois depuis : 100 euros en décembre et un peu plus de 150 euros il y a quelques semaines. Je touche donc désormais 2 040 euros. D’autres augmentations sont même prévues les années suivantes – c’est écrit dans mon contrat. De quoi me donner envie de rester… Mon travail me plaît de toute façon : je suis passionnée par l’événementiel. On vend des souvenirs aux gens !

Avant cette nouvelle expérience, j’ai travaillé pendant sept ans pour un traiteur en Seine-et-Marne spécialisé dans les soirées d’entreprise – mon premier « vrai » boulot. J’y ai débuté en tant qu’apprentie avec un salaire de 1 465 euros net, puis je suis passée chef de projet, avant de finir responsable marketing. Pendant ces années, j’ai pu économiser de l’argent. Je gagnais super bien ma vie sur la fin – 2 100 euros net. J’avais réussi à mettre 7 000 euros de côté. Sauf qu’une bonne moitié de cet argent est passée dans mon permis de conduire… Je l’ai loupé trois fois ! Il fallait que je reprenne des dizaines d’heures à chaque fois.

Le jour et la nuit

C’est étrange, j’ai l’impression que je parle d’une autre vie ! Et pour cause : c’était la période avant la crise sanitaire. Il y avait du « cash », plein de primes selon les événements, des sous à Noël, aux vacances d’été, des avantages en nature… J’ai vraiment constaté une différence entre ce que je pouvais épargner avant et après le Covid. C’était le jour et la nuit : notre milieu a été ravagé par l’épidémie.

Quand la première vague du Covid est arrivée, il n’y avait plus du tout d’activité, forcément… Je m’ennuyais terriblement. J’avais l’impression que ça n’allait jamais reprendre. Alors j’ai décidé de demander une rupture conventionnelle et de sauter dans le grand bain… J’ai profité de mon compte professionnel de formation (CPF) pour me former à la création de site web pendant le deuxième confinement.

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J’ai fini par monter mon auto-entreprise de communication digitale et print pour l’événementiel. C’était vraiment quitte ou double ! Certains mois, je pouvais gagner 6 000 euros – mais j’avais douze contrats en même temps et je ne dormais pas de la nuit. D’autres fois, je ne gagnais pas un sou, rien du tout… Et je touchais un peu le chômage. L’inconstance de mes revenus est devenue trop dure à gérer.

Galères financières

D’autant plus que c’était très compliqué avec mon conjoint de l’époque… On vivait ensemble et il ne savait pas du tout gérer son argent. Il faisait peser énormément de dépenses sur moi. À chaque fois, je devais remettre de l’argent sur le compte commun – quelle erreur d’en avoir ouvert un, d’ailleurs ! Je payais plus de 50 % de notre loyer de 900 euros, l’intégralité des charges, je faisais toutes les courses pour deux… Je l’aidais car il avait une pension alimentaire à payer pour ses deux enfants. En tant que traiteur, lui aussi avait subi les conséquences du Covid et peinait à trouver du boulot.

On a fini par se séparer en octobre dernier. Là encore, ce fut synonyme de dépenses puisqu’il a fallu déménager, louer un camion, payer deux boxes pour entreposer nos affaires… Avec tous les frais de location liés à mon nouvel appartement, je ne m’en sortais pas. Ma famille m’a aidée en payant le premier loyer. 620 euros qu’il faut désormais assumer seule. D’octobre à janvier, je me suis retrouvée en difficulté. J’ai fait l’objet d’un redressement fiscal lié à mon ancienne activité d’auto-entrepreneuse. Je leur devais des sous car je n’avais pas assez déclaré il y a quelques années… J’ai dû m’acquitter de 200 euros par mois pendant cette période.

Autre aléa de la vie que je n’avais pas vu venir : en août dernier, j’ai eu un accident de la route. On m’a grillé la priorité à un stop. Ma voiture a été complètement pliée. Je n’étais en rien responsable mais je n’ai pas pu me faire dédommager par l’assurance car je roulais sans carte grise. J’avais acheté une voiture gagée il y a quelques années, je ne pouvais donc pas refaire les papiers… En plus, juste avant l’accident, j’avais mis 1 500 euros pour réparer ma voiture. De l’argent jeté par les fenêtres ! Je me suis donc retrouvée sans véhicule du jour au lendemain, à devoir payer un abonnement à 88 euros par mois pour les transports.

500 euros de côté par mois

Depuis, je n’ai pas été en capacité de me racheter une voiture mais c’est clairement ma priorité. En Seine-et-Marne, difficile de faire sans… Je vais essayer de continuer à mettre 500 euros de côté chaque mois. C’est simple, mon compte épargne est consacré à cet achat ! Pour l’instant j’ai 1 800 euros dessus mais je vais devoir piocher dedans pour alimenter mon compte courant ce mois-ci. 200 euros pour commencer. Sans ça, impossible que je tienne jusqu’au 31. Quelle angoisse d’aller consulter son compte bancaire, d’ailleurs…

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Ces derniers temps, je me suis souvent retrouvée en galère financière. Alors aujourd’hui, je ne fais pas grand-chose. Je vis normalement mais je ne fais jamais de shopping par exemple. Je suis frustrée parce que j’aime les beaux vêtements, les beaux meubles… Mais je ne peux jamais me le permettre le luxe. Au quotidien, je suis toujours sur l’aspect pratique des choses plutôt que sur l’esthétique. Ça m’embête de ne jamais pouvoir me faire plaisir. Enfin, je ne suis pas non plus à plaindre… D’autant que ma situation devrait s’améliorer au fil des mois.

Un achat d’ici 5 ans ?

Ce qui est sûr, c’est que j’avais besoin de retrouver un CDI et la stabilité financière qui va avec, après avoir tenté l’expérience de l’auto-entrepreneuriat pendant le Covid. Quand je pense qu’avant cette période je n’avais aucun mal à joindre les deux bouts ! J’avais toujours fait attention à ne pas être dans le rouge, à avoir un filet de sécurité en mettant de l’argent de côté chaque mois… Malgré toutes ces complications passées, je sens que je commence doucement à sortir la tête de l’eau.

J’aimerais bien acheter un bien un jour. C’est le grand projet. Pas forcément pour que j’y vive mais pour le louer à quelqu’un, histoire de posséder quelque chose. Ça me permettrait d’avoir une rente d’argent supplémentaire. Ça paraît compliqué étant toute seule mais je ne pense pas que ce soit impossible non plus ! J’espère pouvoir me pencher sur le dossier d’ici cinq ans…


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