Voilà plus de vingt ans que la question de l’insécurité s’est imposée comme un levier politique majeur. À mesure que les discours se sont durcis, la justice a été régulièrement pointée du doigt, accusée de laxisme et sommée de répondre à une exigence croissante d’immédiateté et de fermeté. Une surenchère de l’émotion qui a contribué à l’enracinement d’un « populisme judiciaire », estime notre chroniqueuse Marie Dosé, avocate pénaliste au barreau de Paris.
Il aura fallu deux décennies et la complaisance de nos partis politiques pour que le populisme judiciaire s’enracine en France. Il aura fallu, dès les années 2000, un ministre de l’Intérieur qui, devenu chef de l’État, n’eut de cesse d’exciter la foule au premier fait divers, de jouer la carte du tout répressif et de discréditer l’institution judiciaire. Il aura fallu qu’une gauche charmée par les sirènes sécuritaires ou pétrifiée par l’accusation d’ « angélisme » nourrisse le fantasme de la « tolérance zéro ».