Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a annoncé vendredi 2 mai son intention de mener la plus vaste refonte de l’économie canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale. Son objectif : bâtir un Canada « fort », capable de résister aux pressions exercées par les États-Unis de Donald Trump. Cette déclaration, faite lors de sa première conférence de presse suivant la victoire électorale de son parti libéral, témoigne de sa détermination face aux défis inédits qui se profilent.
Carney, reconnu pour sa prudence et sa maîtrise des enjeux économiques, a affirmé être « en politique pour accomplir de grandes choses, et non pour se contenter d’un titre ». Son passé de banquier central, tant au Canada qu’en Angleterre, lui confère une crédibilité certaine. Il a su convaincre les électeurs canadiens qu’il était l’homme de la situation pour affronter la guerre commerciale et les menaces d’annexion de Donald Trump.
Une priorité : la relation avec les États-Unis
La relation entre le Canada et les États-Unis constitue la « priorité immédiate » de son gouvernement. Carney a annoncé qu’il se rendrait à Washington dès mardi pour rencontrer le président américain. Les discussions porteront sur « les pressions commerciales actuelles » et « les futures relations économiques et de sécurité » entre les deux pays. Il a toutefois averti qu’il ne fallait pas s’attendre à des résultats immédiats. Selon lui, l’ancienne relation, fondée sur « une intégration croissante », est « terminée ». « Les questions qui se posent maintenant sont de savoir comment nos nations vont coopérer à l’avenir », a-t-il déclaré. Face à cette crise sans précédent, il a appelé à l’unité nationale, un message relayé par les principaux partis politiques.
Carney a également souligné que Donald Trump « respecte la force », expliquant ainsi sa volonté de préparer le pays à des transformations profondes. « Nous allons vivre une période incroyablement passionnante, alors que nous prenons en main notre destin économique pour créer une nouvelle économie canadienne », a-t-il affirmé.
Une refonte économique profonde
Le Premier ministre a assuré qu’il maintiendrait les droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seraient en vigueur. Il a également promis d’abolir les barrières douanières entre les provinces canadiennes avant le 1er juillet, et de renforcer « des partenariats commerciaux avec des alliés fiables ». « Le Canada possède ce dont le monde a besoin, et nous défendons les valeurs que le monde respecte », a-t-il déclaré.
Le gouvernement Carney sera mis en place dans la semaine du 12 mai. Le Parlement, suspendu depuis janvier, reprendra ses travaux le 26 mai, avec un discours du trône prononcé par le roi Charles III en personne. « Il s’agit d’un honneur historique », a-t-il affirmé, soulignant « notre souveraineté », en réponse aux velléités de Donald Trump de faire du Canada le 51e État américain. Cette allocution solennelle, qui marque l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire, est habituellement prononcée par le gouverneur général, représentant du roi au Canada.
Bien que les libéraux aient remporté une victoire historique, ils n’ont pas obtenu la majorité absolue au Parlement. Après des recomptages, ils disposent de 169 sièges sur 343, à trois sièges de la majorité absolue (172). Ils devraient toutefois pouvoir gouverner sans difficulté, en s’appuyant sur l’un des petits partis représentés à la chambre basse.
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